Le premier ministre tchèque, Bohuslav Sobotka, au sommet européen de Bruxelles, le 29 avril 2017. | Olivier Matthys / AP

Le premier ministre tchèque, Bohuslav Sobotka, a annoncé mardi 2 mai sa démission, à la suite du conflit qui l’oppose à son ministre des finances, l’influent milliardaire Andrej Babis, soupçonné de fraudes fiscales. Celle-ci entraîne aussi celle de son cabinet,

« Je présenterai prochainement la démission au président Milos Zeman. Il est inadmissible qu’Andrej Babis reste au poste de ministre des finances », a déclaré le premier ministre social-démocrate. M. Babis, chef du mouvement centriste ANO, rejette quant à lui toutes les accusations.

Négociations

Cette démission en bloc conduira soit à la formation d’un nouveau gouvernement soutenu par la coalition de centre-gauche, actuellement au pouvoir, mais sans Andrej Babis, soit à l’organisation d’élections législatives anticipées.

« Je veux libérer les mains des partis de la coalition pour qu’ils puissent engager les négociations sur la solution à apporter à la situation ou se mettre d’accord sur l’organisation d’élections plus tôt que prévu », a déclaré M. Sobotka. Les prochaines législatives sont prévues les 20 et 21 octobre.

Le porte-parole de la présidence, Jiri Ovcacek, n’a pas voulu commenter dans l’immédiat cette déclaration. La Constitution tchèque ne prévoit aucun délai au terme duquel le président doit accepter la démission du gouvernement.

Soupçons de fraudes

Le premier ministre s’est une nouvelle fois interrogé sur la façon dont M. Babis a acquis les titres de dette de son groupe Agrofert pour 1,5 milliard de couronnes (environ 55 millions d’euros), sur l’origine de cet argent et sur des soupçons d’évasion fiscale accompagnant cette transaction.

« Les règles doivent être valables pour tout le monde. Le ministre Babis fait face à un énorme conflit d’intérêts », a déclaré M. Sobotka. Le premier ministre n’aurait pas proposé le limogeage du ministre des finances pour ne pas faire de lui un martyr. « Depuis plusieurs jours déjà, il se prépare intensément à ce rôle de martyr », a-t-il expliqué. Selon des sondages, M. Babis serait l’homme politique le plus populaire de la République tchèque.

Parfois décrit comme le « parti d’un seul homme », ANO (Akce nespokojenych obcanu – Action des citoyens mécontents) domine les sondages : il serait crédité de 28,3 % des intentions de vote, selon l’institut STEM, devant les sociaux-démocrates du CSSD de M. Sobotka (16,6 %). Le cabinet tripartite, composé des sociaux-démocrates, du mouvement ANO et des chrétiens-démocrates KDU-CSL, restera en place jusqu’à la nomination d’un nouveau cabinet.