Des violences ont émaillé le défilé du 1er mai à Paris. Six policiers ont été blessé ainsi que plusieurs manifestants. | CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP

Ils l’avaient promis : le 1er mai 2017 serait « ingouvernable ». « Ils », ce sont les militants radicaux – se réclamant de l’antifascisme, de l’anarchisme ou de l’autonomie – qui constituent ce que l’on appelle le « black bloc », en raison de leur tenue entièrement noire, masques ou cagoules compris. Lundi, environ un millier d’entre eux ont pris la tête du défilé syndical parisien et ont violemment affronté la police pendant plusieurs heures.

Résultat : six membres des forces de l’ordre ont été blessés, dont deux grièvement (l’un à cause d’un cocktail Molotov, l’autre en raison d’une mauvaise manipulation d’une grenade de désencerclement), ainsi que plusieurs manifestants. Du mobilier urbain et des commerces ont été dégradés, une station Autolib’ complètement détruite tout comme un Abribus.

Cinq personnes ont été interpellées pour « port d’arme prohibé », « dégradations et violences commises sur personne dépositaire de l’autorité publique ». Deux d’entre elles ont été placées en garde à vue. Le ministre de l’intérieur, Matthias Fekl, a dénoncé des « casseurs professionnels venus pour blesser et pour tuer des policiers » et a promis que « tout sera mis en œuvre pour retrouver ces criminels, les traduire en justice et les faire condamner à des peines exemplaires ».

Les affrontements ont commencé très tôt dans le défilé qui partait de la place de la République pour rejoindre celle de la Nation et se sont concentrés aux alentours de la place de la Bastille. Selon la méthode éprouvée lors du mouvement contre la loi travail au printemps 2016, plusieurs centaines de personnes se sont glissées devant les cortèges officiels pour aller à la confrontation avec la police.

« Siamo tutti antifascisti »

Rapidement, les premières bouteilles ont volé en direction des CRS qui répliquaient avec des gaz lacrymogènes. Mais, cette fois, le black bloc était déterminé à livrer combat. Aux cris de « Et tout le monde déteste la police » ou de « Siamo tutti antifascisti » (« nous sommes tous antifascistes », en italien), de nombreux tirs de « mortier d’artifices » ont visé les forces de l’ordre – certains finissant leur course sur les façades des immeubles d’habitation. Les manifestants ont fait usage de cocktails Molotov, l’un d’eux atterrissant sur un CRS, le « brûlant sérieusement au visage », selon M. Fekl.

Les policiers, nerveux, n’ont pas hésité à tenir en joue avec leur Flash-Ball les manifestants ou journalistes présents. Une journaliste de Line Press a ainsi « été victime d’un tir tendu de Flash-Ball à bout portant alors qu’elle était clairement identifiée avec sa caméra, son brassard, et ses marques “TV” sur le casque », selon le récit de Laurent Bortolussi, patron de cette agence de presse.

Au bout de plusieurs minutes, les forces de l’ordre ont réussi à isoler le cortège violent du reste de la manifestation. A l’arrivée place de la Nation, vers 18 heures, quelques heurts sporadiques avaient encore lieu.

Plusieurs manifestants racontent des histoires semblables. Comme Julien, 18 ans. Cet étudiant en prépa dans un grand lycée parisien, manifeste depuis plusieurs années avec les « autonomes ». Il raconte : « Après les lancers de cocktails Molotov, le cortège a été coupé, des gaz lacrymogènes ont été lancés. Je me dirigeais vers une ruelle quand j’ai senti un coup sur la tempe gauche, à côté de l’œil. Je suis tombé. » Un peu plus tard, Julien arrivera à s’extraire de la manifestation – « les CRS refusaient de nous laisser passer », raconte-t-il – et ira dans une caserne de pompiers. Il sera conduit aux urgences de l’hôpital Saint-Antoine. Son hématome de 7 cm sur 7 cm et une plaie ouverte dus à un tir de Flash-Ball seront constatés.