La cour d’appel de Pointe-Noire, capitale économique du Congo-Brazzaville, a confirmé, mercredi 3 mai, la condamnation à trente ans de travaux forcés de l’opposant Modeste Boukadia, 62 ans, jugé en première instance en 2014 pour « atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat », a annoncé son avocat.

« Ils l’ont condamné à trente ans de travaux forcés. C’est donc le jugement de la première instance qui a été simplement confirmé, a déclaré à l’AFP Me Magloire Senga. C’est du n’importe quoi parce que cette décision ne reflète pas les débats. On a l’impression qu’elle a été parachutée d’ailleurs », a-t-il ajouté, indiquant être « déçu » au terme d’une audience publique qui a duré plus d’onze heures.

Résidant en France, Modeste Boukadia avait été condamné par contumace à trente ans de travaux forcés en avril 2014. Les autorités congolaises l’accusent notamment d’avoir voulu « organiser un référendum d’autodétermination de l’Etat du Sud-Congo ». Rentré au Congo en janvier 2016, le dirigeant du Cercle des démocrates et républicains du Congo (CDRC, petite formation d’opposition) est emprisonné depuis lors.

« Prisonnier politique »

Les organisations de défense des droits humains, dont Amnesty International, considèrent M. Boukadia comme un « prisonnier politique », ce que conteste Pierre Mabiala, le ministre de la justice, pour qui il est un « prisonnier de droit commun ».

M. Boukadia s’était déclaré candidat à la présidentielle de 2009 avant de se rétracter, arguant que « le Congo n’était pas prêt à organiser ce scrutin » remporté avec 78 % des voix par le président Denis Sassou-Nguesso, 73 ans, qui cumule plus de trente ans à la tête du pays.

M. Boukadia a été membre de la Commission économique et sociale lors la conférence nationale souveraine qui a ouvert le Congo au multipartisme en 1991.