Présidentielle : Marine Le Pen en tête du premier tour dans les municipalités d’extrême droite
Présidentielle : Marine Le Pen en tête du premier tour dans les municipalités d’extrême droite
Sur les quatorze localités FN ou Ligue du Sud, treize ont placé la candidate en tête. Si M. Mélenchon y réalise aussi de bons scores, c’est loin d’être le cas de M. Macron.
Affiche du Front national dans un village de Picardie, le 4 mai | PASCAL ROSSIGNOL / REUTERS
Depuis les élections municipales 2014, le Front national et son allié de la Ligue du Sud dirigent désormais quatorze communes ou arrondissements de ville (11 FN et 3 Ligue du Sud). Si deux d’entre elles étaient déjà aux mains de l’extrême droite depuis un moment (1995 pour Orange, dirigée par Jacques Bompard et 2008 pour Bollène, dirigé par sa femme, Marie-Claude), les douze autres ont découvert, il y a seulement trois ans, la réalité d’une gestion frontiste.
L’examen attentif des résultats du premier tour de l’élection présidentielle dans ces villes semble montrer que cette gouvernance d’extrême droite reste majoritairement approuvée par leurs habitants.
Marine Le Pen très majoritairement en tête
Les résultats du premier tour de l’élection présidentielle sont quasi unanimes : sur les quatorze municipalités ayant un maire FN ou Ligue du Sud, treize ont placé Marine Le Pen en tête de leur suffrage, alors qu’elle n’est arrivée que deuxième au niveau national – seule Mantes-la-Ville fait figure d’exception.
Si la candidate FN a rassemblé 21,30 % des voix exprimées sur tout le territoire, elle ne descend quasiment jamais sous les 30 % dans les quatorze villes examinées ; il n’y a qu’à Le Luc (Var) où elle réalise 28,84 % des suffrages, dans le secteur 7 de Marseille (Bouches-du-Rhône) où elle fait 29,72 % et à Mantes-la-Ville (Yvelines), avec 22,34 %. A Orange (Vaucluse), Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), et Beaucaire (Gard), Mme Le Pen a engrangé à l’inverse plus de 40 % des suffrages exprimés au premier tour.
Jean-Luc Mélenchon en position de force
Le candidat de La France insoumise, arrivé en quatrième place au niveau national avec 19,58 %, légèrement en retard derrière François Fillon (Les Républicains, 20,01 %), s’offre la deuxième place dans la majorité des municipalités d’extrême droite : Béziers (Hérault), Hayange (Moselle), Beaucaire, Villers-Cotterêts (Aisne), Le Pontet (Vaucluse), Marseille (secteur 7), Hénin-Beaumont, et Bollène (Vaucluse). Il accuse cependant un retard conséquent sur la candidate du Front national, avec de nombreux écarts de dix points environ, voire de vingt points à Beaucaire.
A Mantes-la-Ville, dans les Yvelines, M. Mélenchon s’est même offert la première place du scrutin, avec 28,56 % des suffrages, trois ans après que le FN a pris cette banlieue de l’ouest parisien au Parti socialiste. « On n’est ni dans le Var, ni dans le Vaucluse, ni dans le Pas-de-Calais, c’est une terre de mission. Ce résultat peut apparaître décevant, mais si Marine Le Pen gagne le 7 mai, cela n’aura aucune importance », a évacué au Monde le jeune maire de la ville, Cyril Nauth.
Emmanuel Macron en troisième place, pas de percée pour Dupont-Aignan
Autre point commun de ces villes d’extrême droite, Emmanuel Macron, le candidat d’En marche !, en tête au niveau national, y a été relégué quasiment partout à la troisième place. A chaque fois, il a été devancé soit par Jean-Luc Mélenchon, soit par François Fillon, et est resté dans la grande majorité des cas sous la barre des 20 % des suffrages exprimés.
Dans toutes ces communes, le candidat déçu Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France), qui a désormais rejoint Marine Le Pen et deviendrait son premier ministre en cas de victoire, n’a pas vraiment connu de poussée par rapport à son score national (4,7 % des suffrages).
Une progression irrégulière du vote Front national
Sur les quatorze communes étudiées, la progression du vote Front national depuis quinze ans aux élections locales comme nationales a été irrégulière, mais globalement toujours plus élevée que la tendance nationale. En 2002, toutes ces communes ont voté à plus de 20 % pour Jean-Marie Le Pen au premier tour de l’élection présidentielle, voire à plus de 30 % pour certaines communes, notamment dans le Vaucluse – quand le fondateur du FN n’avait réalisé que 16,86 % au niveau national. Pourtant, en 2007, le père de Marine Le Pen n’a franchi ce palier des 20 % que dans deux municipalités. En 2012, cependant, pour sa première campagne présidentielle, Mme Le Pen a obtenu au premier tour des scores proches de ceux de son prédécesseur en 2002, scores qui ont donc encore augmenté en 2017.
Aux élections législatives et régionales, le score du Front national est, là encore, bien plus élevé dans ces quatorze municipalités qu’au niveau national : une tendance qui se retrouve aussi bien aux régionales de 2015 et 2010, qu’aux législatives de 2012 et 2007.
Dans le Vaucluse, cependant, le Front national est concurrencé par la Ligue du Sud, parti d’extrême droite fondé en 2010 qui gère trois mairies : Orange, Camaret-sur-Aigues et Bollène. A Orange par exemple, aux législatives de 2012, le Front national n’a obtenu que 11,17 % des suffrages exprimés au premier tour, contre 13,6 % au niveau national. A l’inverse, la liste présentée par le maire, Jacques Bompard, a recueilli 44,02 % des voix.
(Le secteur 7 de Marseille recoupait en 2012 deux circonscriptions : dans l’une, la liste du Front national – portée par Stéphane Durbec – a remporté 8,41 % des suffrages au premier tour des élections législatives ; dans l’autre, la liste de Stéphane Ravier – aujourd’hui maire du secteur –, a récolté 11,65 % des voix.)