A trois jours du second tour de la présidentielle entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron, et après un débat violent entre eux, Jean-Luc Mélenchon et son équipe sont déjà dans les législatives. Et ils n’entendent pas faire dans la dentelle pour parvenir à leurs fins dans le bras de fer qui les oppose au Parti communiste. Les négociations-fleuves sur le sujet entre les deux ont pris un tour nouveau, jeudi 4 mai. Manuel Bompard, directeur de campagne de l’ex-candidat de La France insoumise, a envoyé un communiqué de presse accusant les communistes de chercher à « semer la confusion chez les électeurs » en « faisant croire que les candidats du PCF aux législatives ont le soutien de Jean-Luc Mélenchon ». « Il n’en est rien », précise-t-il.

En cause : l’utilisation de la photo du député européen sur les tracts de campagne de certains candidats communistes. Même si ce fut parfois du bout des lèvres, le PCF a apporté son soutien à la candidature de M. Mélenchon et nombre de ses élus lui ont accordé leur parrainage. « Nous dénonçons cette usurpation et nous décidons d’engager les poursuites judiciaires afin de faire cesser cette situation, puisque nos rappels à l’ordre répétés ne sont suivis d’aucun effet », écrit M. Bompard.

« L’heure est au rassemblement, pas à la polémique », lui répond Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF, lui aussi dans un communiqué.

Devant la volonté de La France insoumise de présenter des candidats partout, y compris face aux députés communistes sortants, les deux forces tentent en vain, depuis des mois, de négocier un accord. Le score historique de Jean-Luc Mélenchon au premier tour de la présidentielle (19,6 % des voix) peut leur laisser espérer de nouvelles conquêtes aux législatives. Mais, désunis, les chances de remporter la mise sont faibles, d’autant qu’ils vont devoir affronter, outre la droite et le FN, des socialistes, des écologistes et des candidats d’En marche !.

Dénouement attendu avant le 9 mai

Le mouvement de M. Mélenchon a proposé un accord national incluant la signature d’une charte qui impose un cadre commun (visuel et programmatique), une association de financement unique et une discipline de vote. Refus net du PCF. Des désistements réciproques sont alors envisagés. Mais Pierre Laurent, le numéro un communiste, juge finalement que « ce n’est pas à la hauteur » du résultat de M. Mélenchon au premier tour de la présidentielle et propose mardi une « bannière commune » qui pourrait « rassembler toutes les forces (…) pour gagner, qu’elles soient ou non dans La France insoumise ». M. Bompard critique alors « un partage du territoire : 50 % pour eux avec leur programme et leurs candidats et 50 % pour nous ». Loin de la « cohérence politique » revendiquée. Les deux parties se quittent sans convenir d’un nouveau rendez-vous.

Jeudi, après les menaces judiciaires de La France insoumise, chacun a dévoilé les courriers qu’ils se sont adressés depuis deux jours. Le PCF reste sur sa proposition de « bannière commune » quelque peu aménagée mais se dit prêt, en cas de nouveau veto, à entrer dans le détail de désistements réciproques. La formation de M. Mélenchon en propose 26 chacun (le PCF est parti sur 30 chacun), dont la liste était détaillée dans la lettre envoyée à Pierre Laurent.

Plusieurs points restent problématiques, comme l’ancienne circonscription de Jean-Pierre Brard à Montreuil (Seine-Saint-Denis), enlevée en 2012 par le socialiste Razzy Hammadi et que réclame La France insoumise pour le porte-parole de l’ex-candidat, Alexis Corbière. Dénouement attendu au plus tard mardi 9 mai, date butoir fixée par M. Bompard pour aboutir.