Marine Le Pen, à l’émission « Elysée 2017 », le 25 avril. | LAURENCE GEAI POUR "LE MONDE"

Marine Le Pen se lâche dans la presse italienne, au dernier jour de la campagne présidentielle. Dans une interview publiée vendredi 5 mai, au quotidien Corriere della Sera, la candidate du Front national a insulté son ancien adversaire du parti Les Républicains, François Fillon, en le traitant de « merde ».

L’entretien a été recueilli dans la mairie du village d’Ennemain, dans la Somme, jeudi 4. La candidate tient alors un verre de champagne à la main, raconte le journaliste. Il l’interroge : « François Fillon a appelé à voter pour votre adversaire [Emmanuel Macron], il a parlé de la violence et de l’intolérance du Front national. Pourquoi ? » Après une hésitation, la chef de file de l’extrême droite française semble chercher ses mots, et « explose », rapporte le journaliste. « Parce que ce sont des merdes, je suis désolée, mais aucun autre terme ne me vient à l’esprit. »

La députée européenne revient aussi longuement sur son concurrent d’En marche !. « Il est froid, rigide, cynique, estime-t-elle. Il ne connaît pas la France, ne la sent pas, ne la comprend pas. » Et la candidate d’ajouter : « Quel homme arrogant. Mal élevé. Il m’a dit dix fois que je disais des “bêtises” et “des grosses bêtises”. Comment peut-il se permettre cela ? »

La présidente « en congé » du FN reste néanmoins confiante pour le scrutin de dimanche. « Nous sommes David contre Goliath, une divine surprise est possible, mais ç’a été une campagne très dure », assure-t-elle.

Si MM. Fillon et Macron ne trouvent pas grâce à ses yeux, le chef de file de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon, pour sa part, est loué. Interrogé sur l’absence de soutien de l’ancien sénateur socialiste à M. Macron pour le second tour, elle déclare : « C’est très intéressant. Pas seulement parce que nous avons objectivement des points en commun dans le programme : la renégociation des traités européens, la sortie du commandement intégré de l’OTAN, la retraite à 60 ans. Mais parce que Mélenchon a relancé le discours national. Il a enlevé le drapeau rouge et il a hissé le drapeau tricolore. »

Le journaliste qui a recueilli l’interview était présent, jeudi, durant le meeting de Mme Le Pen, aux côtés de deux amis de la candidate du FN, installés à Rome depuis quelques années : les anciens militants du GUD, un groupuscule étudiant radical, Frédéric Chatillon et Jildaz Mahé O’Chinal. Contacté, le directeur de campagne de Marine Le Pen, David Rachline, assure que la candidate « n’a jamais tenu ce style de propos (…). J’ai assisté à la conversation, elle a parlé de “trahison de ses électeurs”. Il a mal compris. De toute façon, on portera plainte pour diffamation. Une manip’de plus de fin de campagne. »