« Les coulisses d’une victoire », 6 phrases politiques à retenir du documentaire sur Emmanuel Macron
« Les coulisses d’une victoire », 6 phrases politiques à retenir du documentaire sur Emmanuel Macron
Le Monde.fr avec Reuters
Valls le « traître », l’« anthropophagie » à droite, les « névroses françaises »… Quelques confidences de campagne immortalisées dans le documentaire diffusé lundi soir.
Emmanuel Macron vote à l'Hôtel de ville du Touquet, dimanche 7 mai 2017. | Jean-Caude Coutausse / French-Politics pour "Le Monde"
Quelque 4,4 millions de téléspectateurs ont regardé, lundi 8 mai, le documentaire Emmanuel Macron, les coulisses d’une victoire, diffusé sur TF1 au lendemain de l’élection du candidat d’En marche ! à la présidence de la République. Pendant huit mois, M. Macron avait accepté d’être filmé par le réalisateur Yann L’Hénoret au fil de sa campagne, à l’exception de ses moments privés. Le documentariste en a tiré un film qui raconte la campagne de l’intérieur, dont voici quelques moments forts.
Primaire à gauche : « S’il y a un traître, si quelqu’un a flingué Hollande, c’est Valls »
1er décembre 2016. François Hollande vient d’annoncer qu’il ne briguera pas un nouveau mandat à l’Elysée. Les conseillers d’Emmanuel Macron l’apprennent depuis son QG parisien où, quelques minutes plus tard, une réunion téléphonique est organisée avec le candidat. L’équipe de campagne évalue le rapport de force à venir lors de la primaire à gauche. Emmanuel Macron anticipe : « Pour beaucoup de militants hollandais, le report sur Valls va être très compliqué. » Il évoque ensuite le comportement de certains ministres.
« Ça a été un impeachment de l’intérieur, une vraie trahison. S’il y a un traître, si quelqu’un a flingué Hollande, c’est Valls. »
Quelques mois plus tard, l’ancien premier ministre, vaincu à la primaire, appelle à voter dès le premier tour pour le candidat d’En marche !.
Affaire Fillon : « C’est une scène d’anthropophagie »
1er février 2017. L’affaire Fillon vient d’éclater dans les colonnes du Canard enchaîné et Emmanuel Macron est invité sur France Inter. Après l’entretien, le candidat discute hors antenne avec les journalistes de la rédaction. Interrogé sur l’origine des fuites, M. Macron explique qu’il y voit un coup porté depuis l’intérieur même du parti Les Républicains. « C’est une scène d’anthropophagie à laquelle nous assistons », déclare-t-il aux journalistes.
Polémiques sur ses déclarations : « Les névroses françaises, c’est fascinant »
Mi-février, un vent de panique parcourt les conseillers en communication du candidat. Dans L’Obs, il vient d’évoquer « l’humiliation » subie par la Manif pour tous. A Toulon, il est accueilli par les insultes d’anciens pieds-noirs après qu’il a qualifié la colonisation de « crime contre l’humanité ». Tandis que ses équipes tentent de déminer les polémiques, Emmanuel Macron semble s’en amuser. « Les névroses françaises, c’est fascinant », sourit-il en s’adressant à son premier cercle.
François Bayrou : « Vous n’avez pas l’âge qu’il faut »
La scène a lieu le 23 février 2017. Le président du MoDem, François Bayrou, vient de renoncer à la présidentielle et d’annoncer son ralliement au candidat d’En Marche !. Un tournant dans la campagne. Les deux hommes se rencontrent à l’écart, au café du Palais de Tokyo, à Paris. « C’est un truc bizarre, président de la République. Vous avez pas l’âge qu’il faut mais ça fait rien », confie alors François Bayrou. « Si vous pouvez réussir là où j’ai failli (…), je vous aiderai », ajoute-t-il.
Whirlpool : « Faut prendre le risque ou vous finissez comme Hollande »
C’est l’une des scènes marquantes de l’entre-deux-tours. Le 26 avril, Emmanuel Macron est en réunion avec les syndicalistes de Whirlpool, qui lui reprochent de ne pas aller voir les ouvriers sur le site, il réagit aussitôt et déclare : « J’irai les voir. » Une demi-heure plus tard, il apprend que Marine Le Pen l’a devancée et se trouve sur le parking avec les ouvriers. « Ce déplacement n’était pas bien monté. Je l’ai senti tout de suite », s’agace le candidat d’En marche ! auprès de ses conseillers. A ceux qui lui rétorquent que le rendez-vous a été monté ainsi pour des raisons de sécurité, il répond :
« On n’a que des craintes, parce qu’on est des bourgeois. (…) Je ne peux pas paraître planqué. Je passe devant les grilles [de l’usine] et je vais à la chambre de commerce ! Je n’ai jamais fait ça ! (…) Il ne faut jamais écouter les mecs de la sécurité. (…) Faut prendre le risque ou vous finissez comme Hollande : vous êtes mort ! »
Ralliement : « Gouverner c’est élargir »
Dimanche 7 mai, début de soirée. Emmanuel Macron sait déjà que les premières tendances lui sont très favorables et réunit ceux qu’il appelle des « soldats de la première heure ». « Il y a beaucoup de gens qui nous rallieront, c’est sûr », présage le futur nouveau président. « Il faudra gouverner avec beaucoup de gens qui n’étaient pas là à la première heure et vous saurez me pardonner cela, parce que gouverner c’est élargir. » Quelques heures plus tard, il devient le huitième président de la Ve République.