Presque vingt ans après la naissance de Google, en 1998, il reste toujours des courageux pour vouloir concurrencer le géant de la Silicon Valley. Après Qwant, un autre moteur de recherche français, baptisé Xaphir, a discrètement été mis en ligne fin mars. « Google et ses alternatives, Baidu, Bing ou Yandex utilisent le PageRank, qui consiste à faire remonter les pages les plus populaires. L’utilisateur est enfermé dans une bulle de la connaissance qui l’empêche, par exemple, de voir qu’Arsenal n’est pas seulement un club de foot », explique Eric Mathieu, son PDG fondateur.

Xaphir est la contraction de la lettre « x » qui désigne l’inconnue en mathématiques et du saphir, la pierre précieuse, mais aussi le nom d’un livre de la connaissance qui, selon « une légende très ancienne », aurait été remis aux hommes par l’Eternel, précise l’entrepreneur. Ce moteur d’un nouveau genre entend ouvrir à l’internaute les portes du monde en lui offrant, pour chacune de ses demandes, des résultats de recherche très diversifiés.

« Un moteur humaniste »

L’internaute tape un mot-clef puis, en fonction des réponses, ajoute ou retire très simplement dans la boîte de recherche certains des résultats qui apparaissent, qu’il s’agisse de pages Web, d’images ou de vidéos. « Nous voulions sortir de la recherche par mots-clefs. Notre moteur permet de combiner “n” documents en “n” dimensions. Nous rajouterons ensuite la voix, les coordonnées géographiques, etc. », explique Eric Mathieu, qui présente Xaphir comme « un moteur humaniste », dont l’objectif est « d’offrir impartialité, diversité et universalité ».

Les ambitions sont grandes. Eric Mathieu rêve de hisser Xaphir dans « le top 5 des moteurs mondiaux en 2020 ». Comment ? Grâce à la « viralité », ce fameux bouche-à-oreille du Web. Et de rappeler qu’il y a deux décennies, Google avait balayé des moteurs installés comme Altavista. A la différence près que, depuis, la Toile s’est démocratisée, que les habitudes des internautes sont bien ancrées et que Xaphir a un long chemin devant lui avant de convaincre le grand public.

Une kyrielle de concurrents

Les bugs demeurent nombreux, les résultats parfois désarmants, et le nombre de réponses insuffisant. « Nous avons commencé à aspirer le Web français il y a seulement deux ou trois mois. Nous apprenons en marchant », admet modestement l’entrepreneur, qui fit ses armes dans la musique et le jeu vidéo avant de créer Xaphir.

Il faut dire qu’il n’imaginait pas que le lancement prendrait autant de temps : sept ans de recherche et développement ont été nécessaires. « Je pensais plutôt qu’on mettrait trois ou quatre ans », confie celui qui a levé un peu moins de 10 millions d’euros, notamment par divers dispositifs publics (prêts, subventions, avances remboursables et crédit d’impôt recherche) pour financer son projet.

Entre-temps, les moteurs de recherche ont vu émerger une kyrielle de concurrents. A l’image des applications sur mobile, des réseaux sociaux comme Twitter ou Facebook, ou de l’intelligence artificielle fondée sur les questions en langage naturel, sur laquelle Amazon et Google misent désormais le plus. Eric Mathieu espère que la multitude de services qui restent à lancer, comme la capacité d’auto-apprentissage du moteur ou un outil de recherche par images, saura faire la différence.