A Shanghai, le 7 mai, lors de la présentation d’un projet immobilier du groupe Kushner. | MATTHEW KNIGHT / AFP

Un affreux malentendu. Le groupe familial Kushner, spécialisé dans l’immobilier, n’a pas trouvé de meilleure réponse aux interrogations suscitées par la mention du nom de Jared Kushner en Chine, lors de la présentation, le 6 et 7 mai, d’un projet dans le New Jersey à des investisseurs potentiels. Fils du fondateur du groupe, ce dernier est devenu l’un des plus proches conseillers du président Trump, son beau-père, et dispose d’un bureau à la Maison Blanche.

Soucieux d’éviter les accusations de mélange des genres et de conflit d’intérêts, le groupe d’immobilier a publié un communiqué assurant que la responsable de la présentation, Nicole Meyer, sœur de l’intéressé, avait voulu « dire clairement que son frère avait quitté ses fonctions de la société en janvier et n’a rien à voir avec ce projet ». « Kushner Companies s’excuse si cette mention de son frère a pu être interprétée comme une tentative de séduire des investisseurs. Ce n’était pas son intention », a ajouté le communiqué.

Ces explications n’ont pas convaincu le New York Times, qui a consacré à l’affaire un éditorial assassin. D’autant que pour convaincre d’éventuels partenaires, Nicole Meyer n’a pas hésité à recourir à une arme controversée : la promesse d’obtention de visas réservés aux étrangers les plus fortunés. Ces documents de voyage, valables deux ans, connus pour leur abréviation EB5 et surnommés « golden visas », sont délivrés à qui est prêt à investir entre 500 000 et un million de dollars (entre 460 000 et 920 000 euros), en fonction des régions choisies, et à créer des emplois.

Passe-droits injustifiés

Considérés comme un tremplin vers un titre de séjour permanent, ces visas, créés en 1990, font l’objet d’une attaque concertée de sénateurs républicains et démocrates qui les dénoncent comme des passe-droits que rien ne justifie. Des réformes ont été envisagées par le passé, mais le dispositif est maintenu en l’état, au moins jusqu’en octobre, dans le texte négocié au Congrès pour assurer le financement de l’Etat fédéral jusqu’en octobre.

L’agence Bloomberg s’est chargée de rappeler que, derrière les atouts vantés par la famille Kushner, se trouve un projet en difficulté. Un des partenaires a renoncé et la ville de New Jersey a préféré prendre ses distances au lieu de le soutenir financièrement comme elle s’y était engagée au départ.

Interrogé à ce sujet mardi 9 mai, le porte-parole de la Maison-Blanche, Sean Spicer, a répondu en mettant en avant la décision prise par Jared Kushner de liquider ses participations dans le groupe familial avant son arrivée à la Maison Blanche. Une précaution qui tarde cependant à dissiper les doutes.