La députée Corinne Erhel, soutien d’Emmanuel Macron, inhumée à Lannion
La députée Corinne Erhel, soutien d’Emmanuel Macron, inhumée à Lannion
Elle faisait partie des fidèles de la première heure du nouveau président, qui devrait assister à ses obsèques, mercredi, dans les Côtes-d’Armor.
Corinne Erhel, députée socialiste des Côtes-d’Armor, en 2012. | Le Cardinal /CC BY 4.0
C’est finalement à partir de 16 heures que seront célébrées, mercredi 10 mai, les obsèques de la députée Corinne Erhel, terrassée par un malaise cardiaque en pleine réunion publique, vendredi 5 mai. Selon la presse locale bretonne, le changement d’horaire – la cérémonie était prévue le matin – devrait permettre la venue d’Emmanuel Macron à l’église Saint-Jean-du-Baly, à Lannion.
Députée PS des Côtes-d’Armor depuis 2007, la tout juste quinquagénaire était un des soutiens du candidat d’En marche !, mouvement rebaptisé depuis La République en marche (LRM). Dans le documentaire Emmanuel Macron, les coulisses d’une victoire, de Yann L’Hénoret, diffusé sur TF1 le 8 mai, l’émotion du candidat élu affleure quand il lui rend hommage, lors d’une réunion rassemblant « les soldats de la première heure » qui l’ont entouré, juste après l’annonce de sa victoire.
« Parfois le destin est un peu cruel, et il manquera Corinne. Et donc ce soir on aura aussi une pensée pour elle. Elle aurait été heureuse. »
💬 Emmanuel Macron très ému après le décès de Corinne Erhel : "On a une pensée pour elle, elle aurait été heureuse"… https://t.co/uScKOczvLr
— TF1LeJT (@TF1 Le JT)
Proche du nouveau président, Corinne Erhel ne faisait toutefois pas partie de son équipe de campagne, à la différence d’un autre Finistérien et ancien socialiste, le secrétaire général de LRM, Richard Ferrand. Ce dernier a, lui aussi, salué la mémoire d’« une collègue qui n’a pas quitté [nos] pensées depuis vendredi soir ». « Elle menait campagne tambour battant, fidèle depuis le premier jour. Elle manque déjà cruellement et j’ai le cœur serré qu’elle n’ait pu voir la victoire de notre candidat, à laquelle elle avait tant contribué et pour laquelle elle s’était tant engagée », a-t-il déclaré lundi 8 mai, lors d’une conférence de presse du mouvement consacré aux élections législatives.
Membre de la commission économique de l’Assemblée nationale, Corinne Erhel faisait en effet partie, comme Richard Ferrand, des soutiens de la première heure de M. Macron, aux côtés du maire de Lyon, Gérard Collomb, du sénateur François Patriat, ou des députés Arnaud Leroy ou Stéphane Travert. Elle était ainsi présente le 12 juillet à Maison de la Mutualité, à Paris, lors du premier meeting du mouvement En marche ! de celui qui était n’était alors « que » ministre de l’économie, quatre mois avant l’annonce de sa candidature à la fonction suprême.
Très appréciée des militants socialistes locaux
Le maire socialiste de Lannion, Alain Gouriou, qualifiait de femme « très tenace » cette Quimpéroise de naissance, qui avait commencé sa carrière politique à ses côtés comme attachée parlementaire, en 1997. « En dix ans, durant ses deux mandats, la députée a labouré le terrain sans jamais s’arrêter, sans chercher à se mettre sous les feux des caméras ou des médias », a rappelé le quotidien Ouest-France dans un article consacré à sa disparition.
Elle s’était notamment mobilisée pour les salariés d’Alcatel-Lucent de Lannion, au moment de leur rachat par Nokia, et contre le projet d’extraction de sable marin dans la baie de Lannion, deux dossiers sur lesquels s’était aussi penché Emmanuel Macron, alors ministre de l’économie.
Devenue en 2007 la première femme députée de la cinquième circonscription des Côtes-d’Armor, Corinne Erhel était très appréciée des militants socialistes locaux. Elle avait d’ailleurs reçu, en décembre 2016, le soutien de 82 % d’entre eux pour briguer un troisième mandat, malgré son ralliement à Emmanuel Macron. Fin mars, en vertu de la règle en vigueur au sein du Parti socialiste, elle avait cependant été exclue. Ce qui ne l’empêchait pas, dans un entretien à Ouest-France, de se revendiquer « clairement de gauche ». « Je resterai socialiste dans mes convictions. Socialiste progressiste comme je l’ai toujours été », confiait-elle alors, considérant que « c’est la force d’En marche ! de faire travailler ensemble des personnes avec des sensibilités différentes ».
Depuis le printemps 2016, elle avait multiplié les meetings pour présenter le programme d’Emmanuel Macron, jusqu’à cette ultime et tragique réunion publique à Plouisy, près de Guingamp, quelques heures avant la clôture de la campagne présidentielle. Le dernier message publié sur son compte Twitter, une republication du député François de Rugy, annonce justement le « début de la réunion de campagne (la dernière !) pour Emmanuel Macron à Plouisy ».
Début de la réunion de campagne (la dernière !) pour @EmmanuelMacron à #Plouisy #CotesdArmor avec @c_erhel_deputee… https://t.co/4VSAwYWDvF
— FdeRugy (@François de Rugy)
Elle était « faite d’un bois rare », a tenu à souligner Emmanuel Macron, samedi, en saluant une « femme d’exigence », « attachée à la social-démocratie contemporaine ». « Je l’ai vue défendre sans jamais rien céder la cause environnementale, numérique ou tant d’autres », a-t-il rappelé. Corinne Erhel avait consacré plusieurs rapports parlementaires sur les questions numériques, le dernier en date portant sur les objets connectés. Dans l’entourage de M. Macron, son nom circulait d’ailleurs, avant sa mort soudaine, pour un éventuel poste de secrétaire d’Etat chargée du sujet.