Lors d’une cérémonie au palais présidentiel d’Abidjan dans la soirée du jeudi 11 mai, les 8 400 soldats ivoiriens qui se sont mutinés en janvier ont « présenté leurs excuses » pour avoir ébranlé le pays. « Nous renonçons définitivement à toute revendication d’ordre financière (…), nous prenons l’engagement solennel de nous ranger et de nous mettre aux ordres de la République », a affirmé un porte-parole des mutins présenté comme le sergent Fofana, qui a ensuite salué militairement le président en signe d’allégeance.

Le président ivoirien Alassane Ouattara a affirmé « croire à la sincérité de leurs paroles » et s’est dit certain qu’ils seront désormais des « militaires exemplaires », lors de cette cérémonie dont des images ont été diffusées la télévision nationale.

Organisé sans la présence de la presse, l’événement se voulait visiblement un point final au mouvement de protestation de l’ensemble des forces de sécurité, alors que le pays est au bord de l’implosion et est très durement touché par l’effondrement des cours cacao qui ont vidé les caisses de l’Etat, comme l’a rappelé le président.

La chute du prix du cacao aggrave la situation

Ces mutins qui réclamaient surtout 12 millions de francs CFA de primes (18 000 euros) avaient obtenu le versement dès janvier de 5 millions (7 500 euros) et devaient toucher le reste à partir du mois de janvier, avait appris l’AFP auprès des mutins. Le gouvernement a lui toujours refusé de divulguer le contenu des négociations. Le relatif succès des mutins avait fait tache d’huile dans toutes les forces de sécurité et même dans l’administration, tout en choquant nombre d’Ivoiriens dont une grande partie vit dans la pauvreté.

Rappelant à plusieurs reprises avoir été « meurtri par les événements », le président Ouattara a ensuite pris la parole soulignant que « la stabilité de la Côte d’Ivoire [avait] été mise à mal (…) et que les événements avaient » effrayé les Ivoiriens, ceux qui veulent investir et visiter le pays. « La Côte d’Ivoire traverse des moments très, très difficiles », a-t-il précisé soulignant que la chute du prix du cacao avait fait perdre « près d’un milliard d’euros » au pays et que le budget de l’Etat avait subi une « perte sèche de 150 milliards de francs CFA [230 millions d’euros] ».

Se posant en « père de la Nation », il a néanmoins promis malgré ces difficultés budgétaires « l’amélioration des conditions de vie et de travail » des militaires. « Je veux que nous puissions bâtir une armée républicaine. Je suis sûr que vous serez des militaires exemplaires (…) que votre loyauté à l’égard de la Nation ne fera plus jamais défaut. »