A quelle retraite François Hollande aura-t-il droit ?
A quelle retraite François Hollande aura-t-il droit ?
Par Jeanne Cavelier
Les anciens chefs d’Etat touchent un peu plus de 6 000 euros brut par mois. Auxquels s’ajoutent plus de 14 000 euros au titre de membre à vie du Conseil constitutionnel. Plus les pensions liées à des mandats antérieurs, et certains privilèges.
Les présidents François Hollande et Nicolas Sarkozy à l’Elysée, le 15 novembre 2015. | JACQUES BRINON / AP
Dès la passation des pouvoirs avec Emmanuel Macron, dimanche 14 mai, François Hollande pourra bénéficier de sa retraite de président. Son montant de base est fixé par une loi de 1955. A partir de 60 ans, sans condition de durée ou de montant des cotisations, un ancien chef de l’Etat touche le « traitement indiciaire brut d’un conseiller d’Etat en service ordinaire », soit 6 220,96 euros brut mensuels, ou près de 75 000 euros annuels.
Cumuls autorisés
Cette retraite peut être cumulée avec des salaires provenant d’autres emplois et des pensions issues d’une activité antérieure. Par ailleurs, la présidence de la République est l’une des dernières fonctions politiques qui n’imposent pas la mise en disponibilité d’office pour un fonctionnaire. En clair, le président conserve pendant son mandat les bénéfices de l’avancement de sa carrière, et les points de retraite qui s’accumulent.
Outre sa pension d’ancien président, François Hollande touchera par exemple celles d’ancien député de la Corrèze, d’ancien conseiller de la Cour des comptes et d’ancien président du conseil général de la Corrèze, soit 15 000 euros net mensuels, selon les informations du Figaro.
Les anciens présidents ne bénéficient pas de régime complémentaire spécifique, même s’ils peuvent, individuellement, décider de souscrire une assurance vieillesse. Mais ils deviennent membres d’office et à vie du Conseil constitutionnel : une rente estimée à plus de 14 000 euros brut mensuels. Le président sortant n’a pas tenu son engagement, pris en 2012, de supprimer cette disposition.
Cependant, François Hollande a fait passer un décret encadrant les privilèges octroyés à ses pairs. Ceux-ci étaient inscrits dans une simple lettre, envoyée en 1985 par le premier ministre de François Mitterrand à son prédécesseur Valéry Giscard d’Estaing.
Avantages en nature
Sont mis à la disposition des anciens présidents des « locaux meublés et équipés, dont le loyer, les charges et les frais généraux sont pris en charge par l’Etat ». Ils ont également droit à « sept collaborateurs permanents » et à « deux agents de service ». Le décret réduit cette équipe à trois collaborateurs et à un agent après les cinq premières années suivant l’exercice du pouvoir. Mais plus question de voiture de fonction avec chauffeur.
Si le nouveau texte maintient la gratuité dans les transports publics, ces frais de déplacement, pour eux-mêmes et un collaborateur, doivent désormais être justifiés par un lien avec l’activité d’ancien président de la République. Même chose pour les frais de réception.
Des policiers garantissent la protection rapprochée des anciens chefs de l’Etat et de leurs domiciles et résidences secondaires, placés sous surveillance. Cette sécurisation constitue la charge la plus importante pour l’Etat : 5,6 millions d’euros, d’après le député PS de l’Aisne René Dosière, qui a enquêté au fil de ses mandats pour lever l’opacité sur les finances publiques.
10 millions d’euros par an
Les anciens présidents coûtent au total près de 10 millions d’euros par an, selon les recherches de M. Dosière. « Valéry Giscard d’Estaing reste le plus coûteux : 3,9 millions d’euros, suivi de Nicolas Sarkozy, 3,3 millions d’euros. Jacques Chirac est l’ancien président qui coûte le moins, 2,4 millions », précise-t-il sur son blog.
Ces chiffres sont légèrement inférieurs aux 10,3 millions d’euros annuels avancés par le premier président de la Cour des comptes, Didier Migaud, et par le vice-président du Conseil d’Etat, Jean-Marc Sauvé, dans un rapport confidentiel remis à M. Hollande en 2014 et dévoilé par Mediapart en 2016.
M. Macron, qui propose de supprimer le régime spécial des retraites des parlementaires dans le cadre de sa « grande loi de moralisation de la vie publique », n’a pour le moment pas émis le souhait de modifier les dispositions accordées aux anciens présidents.