Deux tableaux de jeunesse de Fragonard dont on avait perdu la trace ont été découverts dans un château normand et classés trésors nationaux, révèle samedi 13 mai dans Le Figaro l’étude Tajan, à l’origine de la découverte.

Les deux tableaux de taille moyenne, qui représentent des personnages jouant au milieu de ruines antiques, avaient disparu au début du XIXe siècle, après la mort de Bergeret de Grandcourt, mécène et ami du peintre, à qui les œuvres avaient dans un premier temps appartenu. Estimés à 6 millions d’euros, Le Jeu de la palette et Le Jeu de la bascule, ont été peints par Jean Honoré Fragonard, probablement en 1761 au retour de ses années à Rome.

Le décret qui les classe trésors nationaux, publié le 10 mai, décrit des peintures « fortement empreintes d’une inspiration italienne » mais « marquées par la peinture hollandaise du Siècle d’or », et qui « soulignent la place importante du paysage dans l’œuvre de Fragonard » (1732-1806).

Les deux tableaux sont interdits de sortie du territoire français pour une durée de trente mois, ce qui permet aux musées nationaux de se porter acquéreurs. Passé ce délai, la maison d’enchères pourra redemander un certificat de libre circulation afin de pouvoir vendre les tableaux à l’international, explique Le Figaro.

Repérés par hasard

Thaddée Prate, le directeur du département des tableaux anciens de Tajan, a repéré ces deux paysages par hasard dans un château normand, à l’occasion d’un inventaire en juillet 2016.

« Les choses étaient restées telles qu’elles étaient depuis plusieurs générations. Au milieu d’un ensemble de tableaux, de dessins, il y avait cette paire de paysages, accrochée assez haut et pas vraiment mise en valeur », a déclaré à l’Agence France-Presse Thaddée Prate, encore ému de cette découverte.

L’expert cite les personnages « caractéristiques de Fragonard », « traités avec beaucoup de nervosité, de spontanéité », qui ont accroché son œil. Les deux tableaux (75 × 93 cm) ont ensuite été analysés dans le plus grand secret par le cabinet Turquin puis au Louvre.

Quelques mois avant ces Fragonard, l’étude Tajan avait déjà découvert par hasard une étude du martyre de saint Sébastien, attribuée à Léonard de Vinci et estimée à 15 millions d’euros.