Les présidents américain Donald Trump et turc Recep Tayyip Erdogan lors d’une conférence à la Maison Blanche, le 16 mai. | Evan Vucci / AP

Pour leur premier tête-à-tête, mardi 16 mai, les présidents américain, Donald Trump, et turc, Recep Tayyip Erdogan, ont promis d’apaiser les tensions entre les deux alliés. Ils ont notamment abordé le dossier brûlant de milices kurdes appuyées par Washington et qui combattent les djihadistes en Syrie.

Fort d’un référendum en avril qui lui permet d’élargir ses pouvoirs, M. Erdogan a été reçu à la Maison Blanche avec une liste de doléances : du soutien américain aux milices kurdes syriennes YPG jusqu’au cas du prédicateur musulman Fethullah Gülen, qui vit aux Etats-Unis et dont Ankara réclame l’extradition pour son implication supposée dans le coup d’Etat avorté de juillet.

Mais les deux dirigeants, dont les pays sont des alliés historiques au sein de l’OTAN, ont cherché à faire bonne figure, promettant de renforcer leur « partenariat stratégique » et leurs « relations exceptionnelles ».

Echange de félicitations

Donald Trump avait été l’un des premiers à féliciter son homologue turc pour sa courte victoire au référendum du 16 avril et M. Erdogan lui a rendu la pareille en saluant la « victoire légendaire » du milliardaire américain le 8 novembre. « Bien entendu, la victoire de M. Trump a réveillé de nouvelles attentes pour la Turquie et la région. Nous savons que la nouvelle administration ne laissera pas planer de vains espoirs », a insisté le président turc.

Son homologue américain a rappelé avec emphase qu’Ankara avait été de toutes les batailles de l’Occident durant la guerre froide, avant de lancer : « Aujourd’hui, nous sommes confrontés à un nouvel ennemi dans le combat contre le terrorisme et, encore une fois, nous cherchons à faire face ensemble à cette menace. » Donald Trump a souligné que « le peuple turc avait été confronté récemment à d’atroces attaques terroristes ».

Mais cette première rencontre Trump-Erdogan survient à un moment délicat dans les relations américano-turques, qui se sont déjà beaucoup crispées dans les deux dernières années de la présidence Obama. Il y a une semaine, Washington a provoqué l’ire d’Ankara en annonçant la livraison prochaine d’armes aux milices kurdes syriennes YPG.

Sujets de tension

Les Etats-Unis considèrent la coalition arabo-kurde des Forces démocratiques syriennes (FDS), dont les YPG sont le fer de lance, comme leur allié le plus efficace sur le terrain en Syrie contre les djihadistes du groupe Etat islamique.

Le président Erdogan avait exhorté l’administration Trump à revenir « sans délai » sur cette décision. « Prendre en considération les [milices kurdes] YPG-PYD dans la région ne sera jamais accepté et violerait l’accord global que nous avons conclu », a averti le chef de l’Etat turc aux côtés du président américain.

La Turquie estime en effet que ces milices sont un prolongement en Syrie du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), une organisation séparatiste qui livre une sanglante lutte armée contre Ankara depuis 1984. Elle redoute que ces armes ne puissent un jour finir par être utilisées contre elle par les Kurdes.

M. Erdogan ne décolère pas non plus contre son allié américain au sujet de l’extradition du prédicateur Gülen, qui vit en exil en Pennsylvanie. Ankara impute à M. Gülen la responsabilité de la tentative de coup d’Etat dans la nuit du 15 au 16 juillet dernier par une faction de l’armée et qui a fait près de 250 morts. Le gouvernement turc a mené depuis des purges massives dans l’administration contre ses sympathisants. L’intéressé a nié toute implication.

Devant son hôte américain, le président turc a affirmé qu’il avait « franchement communiqué [ses] attentes concernant l’organisation terroriste [de] Fethullah » Gülen.