« La Menace », d’Alain Corneau, mis en vente à Drouot
« La Menace », d’Alain Corneau, mis en vente à Drouot
LE MONDE ECONOMIE
La mise à prix du long-métrage sorti en 1977 est prévue entre 150 000 et 200 000 euros.
« C’est une grande première », dit la commissaire-priseur, Marielle Digard : « La vente aux enchères des droits corporels et incorporels, français et internationaux, d’un film se tiendra à Drouot le 26 juin. » Il s’agit de La Menace, d’Alain Corneau (1943-2010), un long-métrage sorti en 1977, dans lequel Yves Montand (1921-1991), Carole Laure et Marie Dubois (1937-2014) jouent les rôles principaux. Pour tous les droits d’exploitation de ce film noir – qui ne s’inscrit pas parmi les chefs-d’œuvre du septième art, mais a permis à Marie Dubois de gagner le César de la meilleure actrice dans un second rôle en 1978 –, la mise à prix est prévue entre 150 000 et 200 000 euros.
« C’est une vente culottée », admet la directrice générale de Digard Auction. D’autant plus que ce film a déjà une longue carrière derrière lui : il a été multidiffusé sur les chaînes de télévision. Selon les Régistres de la cinématographie et de l’audiovisuel (RCA), la bible de données sur les films réalisés dans l’Hexagone, La Menace, coproduction franco-canadienne tournée à Bordeaux, à Blaye (Gironde) et à Vancouver (Canada), avait coûté l’équivalent de 1,54 million d’euros. Ce film avait été produit par Les Productions du Daunou. A la faveur de plusieurs rachats, les droits appartiendraient, depuis 2015, à Alandra Films, qui ne répond pas à nos sollicitations.
« Pas certain que quelqu’un [du cinéma] achète les droits »
Les maisons de ventes ne doivent pas divulguer le nom des vendeurs ni celui des acheteurs. L’expert de la vente, Christian Ardan, est persuadé que l’acquéreur pourra récupérer son investissement en vendant ce film à d’autres télévisions ou en le diffusant dans des salles de cinéma de patrimoine. « Il n’est pas certain que quelqu’un de la profession cinématographique achète les droits de La Menace, cela peut aussi être un groupe de plusieurs investisseurs privés qui souhaitent défiscaliser pour ne pas payer d’ISF, souligne Mme Digard. Il existe des collectionneurs fortunés intéressés par l’art contemporain, les chevaux, mais pas par le cinéma. »
Cette vente interviendra au moment où Simone Signoret (1921-1985) et Yves Montand seront à l’honneur. Digard Auction dispersera le même jour les souvenirs d’Autheuil (Eure), la maison qu’avait acquise le célèbre couple en 1954. Le piano, sur lequel Montand a chanté Battling Joe ou Les Feuilles mortes, sera l’une des pièces phares. Tout comme les scénarios reliés ou tapuscrits du Salaire de la peur, d’Henri-Georges Clouzot (1907-1977), ou de ceux des deux films de Claude Sautet (1924-2000) César et Rosalie et Vincent, François, Paul… et les autres. Des investissements moins importants, mais sans doute moins risqués.