LBO France et D’Aucy s’allient dans l’espoir d’acheter William Saurin
LBO France et D’Aucy s’allient dans l’espoir d’acheter William Saurin
Par Laurence Girard, Denis Cosnard
Quatre offres sont en lice pour reprendre l’activité de plats cuisinés et conserves et son millier de salariés.
Les salariés de William Saurin retiennent leur souffle. Leur sort sera bientôt tranché. Les prétendants au rachat des activités de plats cuisinés et de conserves du groupe Turenne Lafayette, en pleine déroute financière, sont en train d’abattre leurs cartes, alors que le choix du ou des repreneurs devrait intervenir dans les prochaines semaines. Dernier épisode en date : deux des groupes intéressés, le fonds LBO France et la coopérative Cecab, connue pour sa marque D’Aucy, ont décidé de déposer une offre commune, ont annoncé au Monde plusieurs sources proches du dossier. Cette alliance fait du duo l’un des principaux candidats en lice.
« L’affaire se jouera sans doute entre le tandem LBO France-Cecab et un autre duo, celui composé du fonds américain Sandton Capital Partners et du cabinet en gestion de crise d’Arnaud Marion », estime l’un de ceux amenés à examiner toutes les offres. Les deux candidats semblent en effet les seuls, à ce stade, prêts à reprendre l’intégralité du pôle mis en vente. Soit une marque forte, William Saurin, mais aussi d’autres labels comme Garbit, Petitjean ou La Belle Chaurienne, sept sites industriels, un millier de salariés et un chiffre d’affaires de 320 millions d’euros.
Près de 80 millions d’euros sur la table
Cecab faisait partie des professionnels logiquement attirés par William Saurin. Mais la coopérative manquait d’argent pour financer l’achat de ce pôle et les investissements nécessaires. L’appui de LBO France, l’un des principaux fonds français, lui donne les moyens qui lui faisaient défaut. Le consortium créé par les deux partenaires, dont LBO France aurait la majorité, met sur la table près de 80 millions d’euros : environ 40 millions d’argent frais pour financer l’activité et les investissements, autant pour payer les marques, les stocks, les crédits baux, une partie des dettes, etc.
Face à ce duo, l’offre déposée par le fonds d’investissement américain Sandton associé au manager de crise Arnaud Marion, qui a contribué au redressement du volailler Doux, présente également des atouts. Les deux partenaires veulent eux aussi reprendre l’ensemble des salariés, et proposent un prix apparemment supérieur.
« William Saurin a besoin d’une transformation, avec un changement de dirigeants et une réallocation des productions entre les sites, mais pas d’une restructuration, plaide l’un de ceux qui militent pour LBO France et Cecab. Choisir un fonds de restructuration avec un manager de transition serait une erreur de casting. »
« Le temps presse »
Deux autres industriels de l’agroalimentaire sont en lice. La Maison Rivière, la PME de Castelnaudary connue pour ses cassoulets et autres produits du terroir, est sur les rangs, mais uniquement, semble-t-il, pour reprendre la marque La Belle Chaurienne, considérée comme l’une des pépites de l’ensemble, les quenelles Julien Mack et CCA du Périgord, spécialiste de produits à base de canard. Elle serait associée à un ou deux industriels pour tenter de monter une proposition d’ensemble. Le groupe Cofigéo, propriétaire des marques de plats cuisinés Raynal & Roquelaure et Zapetti, a également remis une offre, qui soulève toutefois des problèmes de concurrence.
Tous les candidats devaient rencontrer les banques créancières jeudi 18 mai, et des auditions devant le Comité interministériel de restructuration industrielle (CIRI) sont prévues dans les prochains jours. Le gouvernement, qui s’était porté au chevet du groupe Turenne Lafayette après le décès de sa propriétaire Monique Piffaut en novembre 2016 et la découverte des malversations financières qui cachaient une situation de trésorerie très inquiétante, veut aller vite.
L’aide financière concédée par les banques et l’Etat s’épuise. La semaine dernière, l’usine William Saurin de Lagny-sur-Marne (Seine-et-Marne) a dû cesser son activité, alors qu’un de ses fournisseurs refusait de la livrer. « La reprise de l’activité cette semaine est difficile. Le temps presse », concède Didier Pieux, secrétaire fédéral FO-FGTA.