Cannes 2017 : « Passage par le futur », rêves et précarité en Chine
Cannes 2017 : « Passage par le futur », rêves et précarité en Chine
Par Isabelle Regnier
Le réalisateur Li Ruijun filme ses personnages dans des paysages mutants où les immeubles poussent comme des champignons.
Lorsque son père, affaibli par des problèmes de santé, est licencié de l’usine où il travaillait à Shenzhen, Yaoting et sa famille n’ont d’autre choix que de retourner vivre à la campagne dans la province du Gansu qu’ils avaient quittée jadis en espérant se bâtir une vie meilleure, et envoyer un jour leurs filles à l’université.
Découvrant en arrivant qu’ils ont perdu la propriété de leur terre, se voyant signifier par ailleurs qu’ils ne sont plus assez solides pour cultiver les champs, les vieux parents vont de déconvenue en déconvenue, et Yaoting décide de regagner Shenzen où, en travaillant dur, elle espère gagner suffisamment pour leur acheter un appartement. En plus de son emploi à l’usine, la jeune femme se prête à une série d’essais thérapeutiques rémunérateurs, au mépris des risques qu’ils font courir à sa santé.
Dans un cousinage évident avec son aîné Jia Zhang-ke, le jeune réalisateur chinois inscrit les trajectoires de ses personnages dans ces paysages mutants où les immeubles poussent comme des champignons, faisant miroiter aux plus pauvres des rêves d’embourgeoisement que leur condition d’extrême précarité voue, avec une cruauté terrible, à se dissoudre dans la poussière.
Film chinois de Li Ruijun avec Zishan Yang, Yin Fang (2 h 09). Sortie en salles prochainement. Sur le Web : www.festival-cannes.com/fr/festival/films/lu-guo-wei-lai