A Pékin (Chine). | DAMIR SAGOLJ / REUTERS

Une douzaine d’informateurs chinois de la CIA en Chine auraient été exécutés entre fin 2010 et fin 2012, selon le New York Times. Six ou huit autres auraient été arrêtés, représentant « l’une des pires brèches dans le travail du renseignement [américain] des dernières décennies », selon d’actuels ou d’ex-officiels américains cités.

La CIA ainsi que le FBI vont, à partir de 2011, traquer de possibles agents doubles au sein du réseau diplomatique américain, et enquêter sur une éventuelle infiltration par les Chinois de leur réseau de communication crypté. Ils constateront que certains agents américains rencontraient leurs sources dans un restaurant de Pékin truffé de micros et où les serveurs étaient eux aussi des espions. Les habitudes de la communauté du renseignement américain en Chine sont ainsi passées au crible, depuis un bureau secret dans le nord de la Virginie. Mais aucune des enquêtes menées n’a permis d’élucider le mystère.

« Complètement inventé »

Plusieurs agents ou anciens agents sont interrogés. Une diplomate américaine âgée de 60 ans, Candace Claiborne, a été inculpée en mars 2017 pour de fausses déclarations au FBI après avoir bénéficié des largesses d’agents chinois à Shanghaï et Pékin. Mais elle a plaidé non coupable et dit n’avoir fourni que des informations non sensibles. Rien ne la lie à ce stade aux fuites sur le réseau d’informateurs de la CIA.

Le journal américain décrit notamment l’exécution d’un informateur d’une balle dans la tête devant ses collègues dans la cour d’un bâtiment officiel, un cas que le quotidien chinois Global Times a qualifié, lundi 22 mai, de « complètement inventé ». Ces années 2010-2012 furent pour la Chine – qui s’apprêtait alors à adouber fin 2012 Xi Jinping comme nouveau chef du parti – une période de tensions extrêmes : entre une vague d’arrestations de dissidents en 2011 et l’arrestation du secrétaire du parti de Chongqing, Bo Xilai. Le tout mènera à l’arrestation en 2013 de Zhou Yongkang, ancien plus haut responsable des organes de police et de renseignement chinois.

Une affaire d’espionnage liée aux Américains avait fait surface en Chine début 2012 avec l’arrestation d’un officiel haut placé au sein du ministère de la sécurité d’Etat, organe du renseignement et du contre-espionnage, accusé d’avoir pendant des années informé la CIA sur le réseau chinois aux Etats-Unis. Sous Xi Jinping, le ministère de la sécurité d’Etat a subi des purges à répétition, jusqu’à l’arrestation début 2015 pour corruption du vice-ministre de la Sécurité d’Etat, Ma Jian, chef du contre-espionnage.