Les candidats à la reprise de Tati améliorent leurs offres dans la dernière ligne droite
Les candidats à la reprise de Tati améliorent leurs offres dans la dernière ligne droite
Par Juliette Garnier
Les prétendants à la reprise des magasins d’Agora Distribution doivent présenter leurs offres mardi 23 mai au matin.
Lors d’une manifestation des salariés de l’enseigne Tati, le 22 mai, à Lyon. | JEFF PACHOUD / AFP
Le ton monte. Les salariés de Tati espèrent que le gouvernement « mettra sous pression » le groupe Eram, maison mère de l’enseigne placée en redressement judiciaire depuis le 4 mai, pour financer le futur licenciement des salariés des magasins qui ne seront pas repris à la barre du tribunal de commerce de Bobigny. A la veille de la date butoir du dépôt des offres auprès des administrateurs judiciaires, une délégation de l’intersyndicale CGT-CFDT-UNSA a été reçue « une vingtaine de minutes », lundi matin 22 mai, par Muriel Pénicaud, ministre du travail. Plus tard dans la journée, le groupe Eram a opposé une fin de non-recevoir.
« Pour la première fois de son histoire », le distributeur né en 1927 est « dans le rouge », fait valoir une porte-parole. Il n’a pas les « moyens de financer les licenciements des salariés Tati » qui ne font pas partie du périmètre des offres de reprise du groupe Agora Distribution, précise Michel Rességuier, directeur général de cette filiale du groupe Eram, qui exploite les 145 magasins Tati, Dégrif Mania, Giga Store et Fabio Lucci.
Des montants trop faibles
Pour l’heure, en l’état des offres, près de 200 des 1 500 salariés sous contrat à durée indéterminée d’Agora Distribution se retrouveraient sans emploi à l’issu de la procédure judiciaire. Philippe Ginestet, président-directeur général fondateur de l’enseigne Gifi, a annoncé lundi 22 mai vouloir reprendre une vingtaine de magasins en sus des 110 qu’il visait initialement. Soit 1 300 salariés, dit-il. Le consortium Stokomani, La Foir’Fouille, Centrakor et Maxi Bazar est, lui, prêt à reprendre « 20 magasins » et une « centaine de salariés » en plus par rapport à son offre de départ, a expliqué son porte-parole, lundi. Soit près de 110 magasins et 1 150 emplois. Babou propose, pour sa part, de reprendre 6 magasins seulement, en région parisienne, sans racheter le stock de marchandises, pour un montant de 5 millions d’euros. Les deux premiers candidats sont prêts à mettre sur la table respectivement 5,4 millions et 11 millions d’euros.
Le groupe Eram juge ces montants trop faibles, au regard de la valeur des actifs d’Agora Distribution, « estimés à 140 millions d’euros, dont 40 millions pour les fonds de commerce », selon les calculs de M. Rességuier. Or ces sommes pourraient précisément permettre d’améliorer l’indemnité de licenciement des salariés non repris. D’après M. Rességuier, il faudrait compter « 3 millions d’euros » pour financer des mesures d’accompagnement « raisonnables ». « Dix millions d’euros », juge, de son côté, Tahar Benslimani, délégué CFDT.
Le temps presse
Qui les apportera ? Selon la direction d’Agora Distribution, ce n’est pas au groupe Eram de financer ce plan social, compte tenu de sa situation financière. Ses pertes nettes s’élèveraient à 250 millions d’euros en 2016 pour un chiffre d’affaires de 1,4 milliard d’euros, en recul de 5 % par rapport à 2015. Dès lors, il serait exempté de financer le plan social de sa filiale placée en redressement judiciaire, conformément à la loi pour la croissance, l’activité et l’égalité des chances économiques adoptée en 2015, au grand dam de Thomas Hollande, l’avocat qui défend les salariés de Tati.
A en croire Eram, la balle serait dans le camp des repreneurs. Pour l’heure, seul le consortium Stokomani, La Foir’Fouille, Centrakor et Maxi Bazar propose de financer ce plan, à hauteur de 1 million d’euros. Il promet surtout aux salariés non repris de leur proposer « 96 offres de reclassement » et de leur « accorder un accès prioritaire aux 980 emplois » que, chaque année, ses enseignes partout en France créent. M. Ginestet s’engage, lui, à leur présenter « 650 postes ouverts » au sein du siège social de Gifi et de ses magasins « dès maintenant et dans les dix-huit mois à venir ».
Le temps presse. Bien qu’elle ait déjà pris position en faveur de l’offre de Gifi, l’intersyndicale CGT-CFDT-UNSA espère obtenir des garanties d’ici à vendredi 26 mai. Le tribunal de commerce de Bobigny examinera les offres définitives des repreneurs lundi 29 mai. Sa décision est attendue dans la semaine du 5 juin.