Cannes 2017 : « The Florida Project », les dessous crasses du rêve américain
Cannes 2017 : « The Florida Project », les dessous crasses du rêve américain
Par Jacques Mandelbaum
Le réalisateur Sean Baker dépeint le quotidien d’une population précarisée qui vit à l’ombre de l’univers magique de Disney à Orlando.
Sous ses allures de comédie enfantine pop, ce film de l’Américain Sean Baker distille lentement le poison d’une Amérique qui cache, sous la passion consensuelle du divertissement, l’aliénation de masses paupérisées et exclues du grand rêve. Baker a donc pris soin d’installer l’action dans la banlieue d’Orlando – siège du parc de loisirs Disney – où les motels jadis réservés aux touristes sont aujourd’hui pris d’assaut par une population gravement précarisée.
Endroits pelés
On ne saurait en effet imaginer de contraste plus saisissant que celui de cette architecture baroque tout en couleurs pastel inféodée à l’univers magique de Disney et les déclassés qui peuplent ces endroits pelés, situés à proximité de l’autoroute et des stations d’hélicoptère.
Au centre du tableau, la petite Moonee, fillette délurée qui fait les quatre cents coups en compagnie d’une bande de joyeux garnements. Et sa mère, Halley, jeune femme désocialisée qui va bientôt devoir se prostituer pour payer le loyer de sa chambre de fortune. Au milieu, le formidable gérant du motel (William Dafoe), brave type qui essaie autant que faire se peut d’amortir les coups. Tout le film, qui aurait gagné à être plus tenu, joue sur ce contraste entre l’apparence pimpante et la réalité crasse.
The Florida Project Movie Clip - 2017 Cannes Film Festival Premiere
Film américain de Sean Baker avec William Dafoe, Caleb Landry Jones, Brooklynn Prince, Bria Vinaite (1 h 55). Sortie en salles prochainement. Sur le Web : www.le-pacte.com/france/prochainement/detail/the-florida-project et www.quinzaine-realisateurs.com/qz_film/the-florida-project