Voilà un nouveau rapport qui plaide pour une action urgente. Dans un avis, rendu mardi 23 mai, l’Agence nationale de sécurité sanitaire, de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) recommande à la France, et à l’Europe – compétente en matière réglementaire dans ce domaine – d’adapter et de renforcer ses normes de qualité de l’air. La pollution de l’air due aux particules fines est responsable de 48 000 morts chaque année en France.

L’Anses préconise en premier lieu de s’attaquer aux effets à court terme des particules fines (PM2,5 soit inférieures à 2,5 micromètres) pour lesquelles, contrairement aux PM10, il n’existe pas de valeur limite journalière ni en France ni au niveau européen alors même que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande de ne pas dépasser 25 microgrammes par mètres cubes d’air (μg/m3) d’exposition journalière plus de trois jours par an.

« Une valeur limite en moyenne journalière de 50 µg/m3 est proposée pour les particules PM10. Une telle norme devrait être déclinée pour les PM2,5 pour lesquelles les nouvelles connaissances sur les effets sur la santé sont désormais nombreuses », estime l’Agence dans son rapport de 158 pages.

Les PM2,5 sont particulièrement dangereuses pour la santé car, à la différence des PM10, elles vont se loger dans les ramifications les plus profondes des voies respiratoires. Les effets respiratoires et cardiovasculaires pour des expositions à court (moyenne journalière) et à long terme (moyenne annuelle) sont désormais bien documentés.

Maladies neurodégénératives, troubles cognitifs

A Pékin le 4 mai. | Andy Wong / AP

A long terme, note l’Anses, de nouvelles données mettent en évidence des associations entre l’exposition aux PM2,5 et d’autres pathologies : maladies neurodégénératives, troubles cognitifs ainsi que des maladies chroniques comme le diabète.

Les effets sur la santé respiratoire (mortalité et morbidité respiratoires) se font sentir à des niveaux inférieurs aux « valeurs guides » de l’OMS : 25 μg/m3 sur 24 heures et 10 μg/m3 en moyenne annuelle. Ce qui fait conclure aux experts de l’Anses que « l’absence de seuil en dessous duquel aucun effet n’est attendu est clairement avancée ». D’où l’urgence pour l’Agence non seulement d’instaurer des normes pour les effets à court terme en plus de ceux à long terme, mais aussi de prendre en compte les « expositions à très court terme (moyenne horaire) ».

Selon les dernières données publiées en 2016 par Santé Publique France (l’ex-Institut de veille sanitaire), si la France respectait le plafond de l’OMS des 10 μg/m3 d’exposition annuelle aux PM2,5, le bénéfice en termes de santé publique serait de « 17 700 décès évités chaque année et d’un gain moyen de 7 mois d’espérance de vie à 30 ans dans les villes de plus de 100 000 habitants ».

La France et l’Europe en retard sur les Etats-Unis

Or la France et l’Europe, contrairement à des pays comme les Etats-Unis ou le Canada, relève l’Anses, sont encore loin des normes de lOMS, avec des moyennes annuelles qui atteignent 25 μg/m3 (et encore 20 μg/m3 à partir du 1er janvier 2020).

L’Anses avait été saisie le 18 avril 2016 par la Direction générale de la santé et la Direction générale de l’énergie et du climat pour la réalisation d’une expertise relative aux normes de qualité de l’air pour les particules fines mais aussi pour les autres principaux polluants : le NO2 (dioxyde d’azote), le SO2 (dioxyde de soufre) et l’O3 (ozone).

Compte tenu des effets sanitaires à court terme, elle propose ainsi de conserver les seuils d’information et d’alerte (notamment nécessaires pour identifier les pics de pollution) pour les polluants NO2, SO2, O3 et les PM10. Concernant l’ozone, l’Agence propose de simplifier la réglementation en ne conservant qu’un seuil horaire de 240 µg/m3.