« Ariane et Barbe-bleue », version SM
« Ariane et Barbe-bleue », version SM
Par Renaud Machart
A voir aussi. La captation de l’opéra de Paul Dukas est disponible sur le site culturebox jusqu’à ce soir, 25 mai à minuit.
Ariane et Barbe-Bleue - bande-annonce
Deux opéras du XXe siècle célèbrent l’histoire d’Ariane et Barbe-Bleue : Le Château de Barbe-Bleue (1911), du Hongrois Bela Bartok, est le plus connu ; mais l’Ariane et Barbe-Bleue (1899-1906), de Paul Dukas, occupe une deuxième place qui se remarque de plus en plus depuis que de grandes maisons ont décidé de l’inscrire à leurs saisons, sinon à leur répertoire.
Car l’ouvrage de Dukas – compositeur dont l’essentiel de l’œuvre, peu nombreux, est aujourd’hui oublié, à l’exception d’un seul morceau, le célèbre, trop célèbre poème symphonique L’Apprenti-sorcier (1897) – est une partition somptueuse. Elle a seulement pour guigne d’avoir été créée six ans après Pelléas et Mélisande, de Claude Debussy, et d’être restée dans l’ombre d’un opéra qui retourna littéralement, et durablement, le monde lyrique.
Les livrets de Bartok et Dukas ont une source commune, La Barbe bleue (1697), le conte de Charles Perrault, mais celui du compositeur français est de la main de Maurice Maeterlinck – l’écrivain flamand d’expression française était très goûté des musiciens ; il était aussi l’auteur du livret de Pelléas –, qui avait d’abord prévu de le confier au compositeur norvégien Edvard Grieg avant que celui-ci ne le renonce.
La nudité : un des signes distinctifs du travail d’Olivier Py et Pierre-André Weitz | Opéra national du Rhin
La mise en scène qu’avait conçue Olivier Py pour l’Opéra du Rhin en 2015, avec son partenaire habituel le scénographe Pierre-André Weitz, reprend deux des signes distinctifs de leur travail : compartimentations étagées et nudité – il y a presque toujours de la nudité frontale chez Py, parfois même en érection : ici ce sont des danseurs et des danseuses dans le plus simple appareil.
Même si la caméra de Stéphane Vérité, qui a signé cette captation, évite les gros plans accrocheurs et voyeuristes, on pourra se lasser des longues scènes sises dans une sorte de club SM, éclairé de rouge, ou des minotaures ligotent des jeunes femmes nues ou s’amusent entre eux.
La distribution l’orchestre et le chœur sont moyens. Mais cela suffira à faire connaître à ceux qui l’ignorent un joyau du répertoire lyrique français.
Ariane et Barbe-Bleue, de Paul Dukas, captation de Stéphane Vérité (Fr., 2015, 120 min). Avec Lori Phillips, Sylvie Brunet-Grupposo, Marc Barrard, Aline Martin, Rocio Pérez, Gaëlle Ali, Lamia Beuque, Olivier Py (mise en scène), Pierre-André Weitz (décors et costumes), Daniele Callegari (direction).