« Nos écoles d’ingénieurs s’exportent bien »
« Nos écoles d’ingénieurs s’exportent bien »
Propos recueillis par Adrien de Tricornot
François Cansell, président de la Conférence des directeurs d’écoles françaises d’ingénieurs, appelle à lever les freins au développement de ces établissements à l’étranger.
Dans quelle mesure les écoles d’ingénieurs françaises sont-elles appréciées et implantées à l’international ? Entretien avec François Cansell, président de la Conférence des directeurs d’écoles françaises d’ingénieurs (CDEFI) et directeur général de l’INP Bordeaux, à l’occasion du colloque annuel 2017 des écoles d’ingénieurs, qui se tient jusqu’à vendredi 2 juin à Rennes. Le thème : « International : attractivité des formations et diplôme d’ingénieur-e à l’étranger » fait partie des ateliers prévus.
Les écoles d’ingénieurs françaises ont une réputation internationale reconnue mais s’exportent relativement peu. Comment expliquez-vous ce paradoxe ?
Un rapport de France Stratégie a fait état d’un retard de l’enseignement supérieur dans son internationalisation (« L’enseignement supérieur français par-delà les frontières : l’urgence d’une stratégie », septembre 2016), tout en notant que les écoles d’ingénieurs étaient plutôt pionnières dans ce domaine. En effet, 22 écoles sur 206, soit plus de 10 % d’entre elles, disposent d’une offre à l’étranger : elles accueillent 7 000 étudiants en Chine, au Maroc, au Vietnam, en Inde… Et en France, 14 % des diplômés de nos écoles sont des étudiants internationaux, soit 4 600 par an. A cela s’ajoutent les Programmes Fitec (France Ingénieurs Technologies) qui concernent quelques centaines d’ingénieurs au Brésil ou au Mexique. Cependant, nous cherchons à développer davantage de campus à l’étranger.
Existe-t-il une forte demande ?
Oui, les écoles d’ingénieurs françaises sont prisées pour leur référentiel de compétences et leur assurance qualité, la Commission des titres d’ingénieurs (CTI). C’est cela qui intéresse aujourd’hui des pays aussi divers que la Belgique, la Bulgarie, la Chine, la Suisse ou le Vietnam… Et ce que cherchent spécifiquement les pays en développement, ce sont des formations professionnalisantes. C’est pourquoi nos écoles, par le référentiel de compétences qu’elles garantissent, répondent bien à cette attente. Nos écoles s’exportent donc bien et pourraient s’internationaliser davantage.
Comment pourriez-vous ouvrir davantage de campus à l’international ?
Nous souhaiterions des assouplissements réglementaires pour délivrer plus facilement des diplômes hors du sol français. Aujourd’hui, par exemple, Centrale Pékin donne le diplôme de Centrale Pékin, pas celui de Centrale Paris… Nous voudrions pouvoir créer plus facilement des campus de nos écoles à l’étranger : il s’agirait de créer des structures juridiques locales, accréditées par la CTI qui soient à même de délivrer un diplôme français.
Cela est déjà possible mais la démarche reste très lourde d’un point de vue administratif. La délivrance d’un diplôme français sur un territoire étranger est en effet subordonnée à un accord diplomatique avec le pays. C’est pourquoi nous demandons des allégements réglementaires pour pouvoir aller plus vite. L’accréditation par la CTI nous paraît une garantie suffisante de la qualité des formations d’ingénieurs et des compétences des diplômés.
Les écoles d’ingénieurs « à la française » se diffusent-t-elles d’autres façons ?
Nous développons également notre modèle d’accréditation des écoles à l’international : nous sommes, avec certains pays, dans une démarche de coconstruction de leurs propres parcours d’ingénieurs, et de leur évaluation. Par exemple, le Vietnam ou le Maroc nous demandent, et nous les aidons, à construire leur propre modèle d’écoles d’ingénieurs et d’accréditation. Les pays qui le souhaitent peuvent en effet recevoir une accréditation de la CTI, qui vérifie la qualité du parcours de formation, la présence et le rôle de la recherche et le lien étroit avec les besoins des entreprises du territoire.