Dominic Thiem, le « terrien » qui monte à Roland-Garros
Dominic Thiem, le « terrien » qui monte à Roland-Garros
Par Elisabeth Pineau
L’Autrichien de 23 ans est le seul à avoir battu Rafael Nadal sur terre battue cette année.
A l’automne 2011, l’ancien numéro un mondial Thomas Muster range définitivement sa raquette, après avoir tenté un come-back à l’âge de 43 ans. Son dernier match, l’Autrichien le dispute à Vienne face à un jeune compatriote invité par les organisateurs. Dominic Thiem a 18 ans, il est 1 890e joueur mondial.
Ce jour-là, le cadet expédie son aîné à la retraite et frappe les esprits. Aujourd’hui, il a 23 ans et est confortablement installé dans le Top 10. Tête de série numéro 6 à Roland-Garros et demi-finaliste de l’édition 2016, il est l’un des plus sérieux outsiders, derrière les favoris Rafael Nadal, Novak Djokovic et Andy Murray.
« Grand potentiel sur terre battue »
L’Espagnol, qui vise cette année une dixième victoire à Paris, l’avait annoncé dès le printemps dernier dans le quotidien Mundo Deportivo : « Thiem a un grand potentiel, notamment sur terre battue. Dans les quatre ou cinq prochaines années, je pense qu’il sera candidat au titre à Roland-Garros. »
Cette saison, l’Autrichien est d’ailleurs le seul joueur qui a infligé une défaite sur surface ocre à Nadal. C’était en quart de finale du Masters 1000 de Rome, après avoir subi deux revers de rang face à lui en finale, à Barcelone et à Madrid. Comme pour l’Espagnol, la terre battue est « [sa] surface de prédilection ». Et comme pour l’Espagnol, Roland-Garros, où il a atteint la finale chez les juniors en 2011, est pour lui « un des grands moments de [sa] saison, pour ne pas dire le plus important ».
« L’année dernière, expliquait-il ces jours-ci, j’ai dû faire face à une certaine fatigue, c’était la première fois que je me retrouvais à ce niveau. Cette année, je me suis mieux préparé. »
Depuis huit jours, l’Autrichien avance discrètement mais sûrement dans le tournoi. Il est l’un des rares joueurs à n’avoir toujours pas perdu une manche. Après avoir éliminé l’Australien Bernard Tomic, l’Italien Simone Bolelli et l’Américain Steve Johnson, il rencontrera dimanche 4 juin, en huitième de finale, l’Argentin Horacio Zeballos, vainqueur du Belge David Goffin sur blessure.
Revers à une main tout en explosivité
Outre son coup droit dévastateur, Dominic Thiem s’appuie sur un revers à une main tout en explosivité et en amplitude, à la manière du Suisse Stan Wawrinka. Ce coup, l’un des plus spectaculaires du circuit, le singularise au sein de la nouvelle génération des Zverev, Kyrgios, Pouille, Coric ou Chung. Il l’exécutait à deux mains jusqu’à l’âge de 11 ans, avant que son entraîneur, Günther Bresnik, ne lui intime l’ordre d’en lâcher une. Il lui faudra quatre ans pour s’adapter.
La méthode Bresnik – ancien coach de Boris Becker et d’Henri Leconte – est brutale. A ses côtés, Dominic Thiem a appris à encaisser de grosses charges de travail. Et encore davantage quand son entraîneur a fait appel à un professeur de fitness stakhanoviste aux airs de Viking, Sepp Resnik.
Cet ancien pentathlète militaire n’hésitait pas à organiser des footings nocturnes en pleine forêt lors desquels le jeune Autrichien devait porter des rondins de bois sur le dos. « Je n’aime pas les salles de gym. Nous, on ne soulève pas des poids. On soulève des troncs d’arbres », se targuait Sepp Resnik, désormais à la retraite.
Depuis, Dominic Thiem est devenu ce « terrien « endurant, héritant du surnom de « Dominator » sur le circuit, écho d’un certain « Musterminator ». Thomas Muster est le seul Autrichien à avoir remporté Roland-Garros. C’était en 1995. Dominic Thiem avait à peine 2 ans.