Le violoncelliste français, Victor Julien-Laferrière, lauréat du Concours Reine Elisabeth de Belgique 2017. | NICOLAS MAETERLINCK / AFP

Il est près de minuit ce 3 juin lorsque le Français Victor Julien-Laferrière devient le premier violoncelliste lauréat du prestigieux concours Reine Elisabeth de Belgique, où ne figuraient jusqu’alors que les catégories chant, piano et violon. Au-delà du triomphe personnel du jeune instrumentiste de 26 ans, qui empoche les 25 000 euros du Premier Prix, ce résultat salue l’exceptionnelle vitalité de l’école de violoncelle français : pas moins de quatre candidats sur les douze finalistes – Aurélien Pascal (22 ans), Bruno Philippe (23 ans), Yann Levionnois (26 ans), et Victor Julien-Laferrière.

Très international, le palmarès a récompensé d’un Second Prix le Japonais Yuya Okamoto (22 ans), le Troisième incombant au Colombien Santiago Canon-Valencia (22 ans), tandis que le Français Aurélien Pascal obtenait la quatrième place devant le Biélorusse Ivan Karizna (25 ans) en cinquième position (également Prix du public Musiq3 - RTBF) et l’Américain Brannon Cho (22 ans), Sixième Prix.

Contrairement au violon qui peine toujours à trouver un successeur à Renaud Capuçon, les grands violoncellistes sont légion en France dès la génération des André Navarra, Pierre Fournier, Maurice Gendron, Paul Tortelier. Conséquence démographique de l’excellence de l’enseignement dispensé au Conservatoire de Paris par Alain Meunier, Philippe Muller ou Roland Pidoux, leur nombre n’a cessé de croître, de Christophe Coin à Emmanuelle Bertrand, en passant par Gautier Capuçon, Raphaël Pidoux, Xavier Phillips, Jean-Guihen Queyras, Marc Coppey, Jérôme Pernoo, Henri Demarquette, François Salque, Anne Gastinel, Ophélie Gaillard, Sonia Wieder-Atherton pour ne citer que les plus en vue. Le XXIème siècle n’est pas en reste avec une relève assurée par les moins de 30 ans, d’Edgar Moreau à Camille Thomas, en passant par Aurélien Pascal, Christian-Pierre La Marca, Bruno Philippe, Yan Levionnois.

Marathon Musical

Pendant un mois de marathon musical en Belgique, les 68 candidats se sont produits tout d’abord à Flagey pour la première épreuve et la demi-finale, puis dans la salle Henri Leboeuf de Bozar pour la finale, après une semaine de huis clos à la Chapelle musicale Reine Elisabeth. Favori du public, Victor Julien-Laferrière s’est imposé en finale avec le Concerto n°1 op. 107 de Dimitri Chostakovitch accompagné par le Brussels Philharmonic sous la direction de Stéphane Denève.

Né le 25 juin 1990 à Paris dans une famille de clarinettistes (sa mère Claire, et son père Jérôme, soliste à l’Opéra de Paris, brutalement disparu en 2014), le jeune Parisien a commencé la musique à l’âge de 4 ans. Il étudie à 7 ans le violoncelle avec René Benedetti avant d’intégrer le Conservatoire de Paris à 13 ans dans la classe de Roland Pidoux, dont il sort en 2008 nanti d’un Premier Prix. Il fréquente aussi d’autres écoles européennes et devient l’élève d’Heinrich Schiff à l’Université de Vienne, de 2009 à 2014, celui de Clemens Hagen au Mozarteum de Salzbourg jusqu’en 2016. De 2005 à 2011, il participe à l’International Music Academy Switzerland de Seiji Ozawa. En 2012, il remportera le Premier Prix ainsi que les deux prix spéciaux du Concours International du Printemps de Prague. Avant d’être nommé aux Victoires de la Musique classique 2013 dans la catégorie « Révélation soliste instrumental ». Victor Julien-Laferrière joue sur un violoncelle italien anonyme de 1720.

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Musicien complet et accompli, Victor Julien-Lafferrière affectionne aussi la musique de chambre. En 2012, il a créé avec la violoniste Mi-Sa Yang et le pianiste Adam Laloum (un partenaire avec lequel il grave en 2016 pour Mirare un beau disque Brahms, Franck, Debussy) le Trio Les Esprits, en référence au fameux opus 70 n°1 de Beethoven, le « Geister-Trio ». Leur premier album, paru chez Mirare en 2014, comprend le Trio n°6 de Beethoven et le n°3 de Schumann.

Avoir été distingué par l’un des concours les plus en vue au monde devrait accélérer considérablement la carrière du jeune homme, déjà bien partie si l’on en juge par ses états de service. Que ce soit en soliste ou en trio, « VJL » s’est déjà produit dans toute l’Europe (Sommets Musicaux de Gstaad, festivals de Kuhmo (Finlande), Berne, de l’Autunno Musicale di Caserta (Italie) ou encore du Ticino Musica à Lugano, etc....). Avec l’Orchestre Philharmonique de Radio France, le State Hermitage Orchestra, le Slovak State Philharmonic Orchestra ainsi qu’avec divers orchestres tchèques, il a joué les concertos de Dvorak et d’Elgar. A Paris, il est aussi un hôte régulier de l’Auditorium du Louvre, du Théâtre des Champs-Elysées, de la Philharmonie et de la Salle Gaveau, participe à la Folle Journée de Nantes, au Festival de Deauville. Les plus impatients pourront déjà aller l’entendre ce week-end, dimanche 11 juin, au Festival de Sully-sur-Loire (45).