TV : « Lord Jim » ou la quête d’une seconde chance
TV : « Lord Jim » ou la quête d’une seconde chance
Par Samuel Blumenfeld
A voir aussi ce soir. En adaptant Joseph Conrad, Richard Brooks signe un film à part, une épopée intimiste (sur TCM Cinéma à 22 h 50).
Trailer Lord Jim 1965
Quelques années après en avoir fini avec le tournage au long cours de Lord Jim, Richard Brooks se demandait pourquoi il avait passé plus de trois ans à réaliser son adaptation du roman de Joseph Conrad. Il s’interrogeait encore sur les motivations qui l’avaient amené à réunir une équipe de techniciens britanniques, une distribution de premier ordre, plus de 4 tonnes d’équipement pour les emmener dans les ports et les jungles d’Asie du Sud-Est. Le réalisateur américain avait l’espoir que son film ne serait pas comme les autres. Il ne l’est pas.
Lord Jim de Joseph Conrad racontait l’histoire d’un officier de marine qui abandonne son navire et son équipage puis, rongé par le remords, choisit de saisir la seule planche de salut s’offrant à lui : acheminer des armes à la destination de la province de Patusan, en lutte contre la sanglante violence imposée par un dictateur.
Peter O’TOOL
« Parmi les différents thèmes utilisés dans Lord Jim, expliquait Richard Brooks, un en particulier demeure présent en ma mémoire depuis que j’ai lu pour la première fois le livre au lycée : c’est le thème de l’homme qui cherche et trouve une seconde chance. C’est un thème commun à la plupart des hommes. (…) C’est l’épine dorsale du film. »
Personnage flou et fuyant
Le défi posé par Richard Brooks consistait à trouver un équivalent visuel au style intimiste de Conrad et donner corps à l’écran à un personnage aussi flou et fuyant que Jim. Il fallait aussi que l’univers de Conrad se fonde dans celui de Brooks. Le personnage incarné par Peter O’Toole ressemble à ceux composés par Burt Lancaster dans Elmer Gantry et Paul Newman dans La Chatte sur un toit brûlant, deux autres films de Brooks : des hommes à la recherche d’une seconde chance, éprouvant le désir de réussir dans la vie, avec la peur et le remords qui l’accompagnent.
La concrétisation de cette intrigue psychologique, où un homme devient un héros après avoir trahi ses principes, dans le cadre d’un film d’aventures, fait de Lord Jim un film à part : une épopée intimiste. L’interprétation de Peter O’Toole rappelle son rôle dans Lawrence d’Arabie où, également, un antihéros se retrouve dans une contrée lointaine. Le comédien incarne un Lord Jim aphasique, autre particularité d’un héros atypique dans un film si singulier.
Lord Jim, de Richard Brooks. Avec Peter O’Toole, James Mason, Curd Jürgens (EU, 1965, 154 min).