Quand François Bayrou appelle Radio France pour se plaindre en tant que « citoyen »
Quand François Bayrou appelle Radio France pour se plaindre en tant que « citoyen »
Par Service société
Le ministre de la justice a appelé le directeur de l’investigation de la Maison ronde pour se plaindre de l’enquête de Franceinfo sur son parti.
François Bayrou, à Paris, le 1er juin. | PHILIPPE WOJAZER / REUTERS
Un ministre de la justice qui appelle des journalistes pour leur demander de cesser d’enquêter sur une affaire concernant le parti dont il est le président… La pratique pourrait sembler relever d’un temps révolu. François Bayrou, garde des sceaux, a pourtant confirmé à Mediapart avoir téléphoné, mercredi 7 juin, au directeur de l’investigation de Radio France, Jacques Monin, pour se plaindre de l’enquête des journalistes de la Maison ronde sur les soupçons d’emplois fictifs des assistants du MoDem au Parlement européen. Une enquête finalement diffusée le lendemain par Franceinfo.
« Voici ce qu’il me dit en substance : “Des gens de chez vous sont en train de téléphoner à des salariés du MoDem, de les harceler de manière inquisitrice, et de jeter le soupçon sur leur probité. C’est inacceptable” », raconte M. Monin à Mediapart. Sur l’antenne de France Inter, le journaliste précise : « Je lui réponds que harcèlement c’est une qualification pénale, donc que je peux interpréter son coup de fil comme une pression sur moi. »
François Bayrou ne conteste pas le coup de fil. « J’ai dit que les jeunes femmes ressentaient comme du harcèlement ces appels sur leurs portables personnels », a confirmé le ministre à l’AFP. « Ce n’est pas une menace, ni de l’intimidation. J’ai seulement dit que je trouvais cela choquant », assure-t-il à Mediapart. Surtout, se défend M. Bayrou, ce n’est pas le garde des sceaux qui a appelé Radio France, ni même le président du MoDem : c’est le « citoyen ». Et cela n’avait « rien à voir » avec sa fonction.
« Je ne fais jamais pression sur les journalistes », a tenu à rappeler François Bayrou, pour qui « on n’est pas condamné au silence parce qu’on est garde des sceaux ».