Le premier ministre pakistanais convoqué devant la justice après les « Panama papers »
Le premier ministre pakistanais convoqué devant la justice après les « Panama papers »
Le Monde.fr avec AFP
Il est reproché au premier ministre, Nawaz Sharif, d’avoir caché la vérité sur les sociétés et biens immobiliers détenus par ses enfants par l’intermédiaire de holdings offshore.
Le premier ministre pakistanais a été convoqué devant une commission chargée d’enquêter sur des accusations de corruption visant sa famille déclenchées par le scandale des « Panama papers », ont annoncé des responsables gouvernementaux.
Il est reproché au premier ministre, Nawaz Sharif, d’avoir caché la vérité sur les sociétés et biens immobiliers détenus par l’intermédiaire de holdings offshore par ses enfants, notamment sa fille Maryam Nawaz, pressentie comme son héritière en politique.
La famille est accusée de corruption, une affaire qui fait les gros titres depuis des mois et a déjà failli entraîner une destitution de M. Sharif à un an des élections.
Convoqué le jeudi 15 juin
« Le gouvernement a reçu une lettre de la commission d’enquête conjointe dans laquelle il lui a été ordonné de se présenter devant cette commission, et il se présentera », a fait savoir à la télévision, dimanche 12 juin dans la soirée, la ministre de l’information, Marriyum Aurangzeb.
Le courrier, qui a circulé sur les réseaux sociaux, ordonne à M. Sharif de « se présenter devant la commission d’enquête conjointe (JIT) jeudi 15 juin » et d’apporter avec lui « tous les documents nécessaires ».
La commission d’enquête, composée notamment de représentants du bureau anticorruption et des puissants services secrets militaires, a été créée à la fin d’avril par la Cour suprême du Pakistan, avec pour consigne de rendre ses conclusions sous soixante jours.
L’opposant pakistanais Imran Khan, ancienne star du cricket et dont le parti, le Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI – « Mouvement du Pakistan pour la justice »), a été à la pointe de l’offensive contre M. Sharif, a de nouveau appelé le premier ministre à démissionner le temps que soit achevée l’enquête.
Appartements londoniens de luxe
Le scandale avait éclaté en 2016, lorsque le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) avait publié quelque 11,5 millions de documents secrets émanant du cabinet d’avocats panaméen Mossack Fonseca, les « Panama papers », qui révélaient comment des dirigeants et des célébrités placent leurs biens dans des paradis fiscaux.
Au cœur du procès pakistanais figurent des appartements londoniens de luxe, détenus par la famille Sharif par l’entremise de sociétés offshore gérées par le cabinet panaméen.
Les partisans de M. Sharif assurent que les fonds proviennent d’entreprises familiales installées au Pakistan et dans le Golfe.
M. Sharif, un industriel élu en 2013, achève son troisième mandat à la mi-2018. Ses deux précédents mandats avaient été interrompus par des interventions de la puissante armée pakistanaise, qui a dirigé le pays pendant la moitié de son existence.