La Xbox One X.

C’est plus joli. Voilà, au jugé de notre œil gauche et de notre œil droit, unanimes sur ce point, la première chose qui peut être dite à propos du rendu visuel des jeux de la Xbox One X, nouveau modèle de console dévoilé par Microsoft, dimanche 10 juin, au salon de l’E3 de Los Angeles. Plus joli de combien ? Voilà désormais l’épineuse question à laquelle les meilleurs experts mondiaux de la comparaison visuelle au jugé, les esthètes du demi-pixel, devront répondre.

Concrètement, pour évaluer le surplus de confort oculaire apporté par la Xbox One X, un certain nombre de critères sont amenés à être réunis. Le premier est, idéalement, un écran 4K, même si les performances des jeux sont également améliorées sur un moniteur HD, ne serait-ce qu’en matière de fluidité de l’animation. Le second est, de préférence, des jeux qui tirent profit de cette puissance, l’exploitent et la mettent en valeur. On prendra volontiers exemple de Forza Motorsport 7 et Assassin’s Creed Origins, particulièrement fins et coquets, et bien moins du jeu indé Ashen, aux aplats de couleur, certes, esthétiques, mais pas bien bouleversifiants, ou même de Minecraft, qui tout 4K fut-il, reste tout de même fondamentalement un bon gros bac à sable à gros cubes, ce qui est du reste la raison de son succès.

Forza Motorsport 7 - E3 2017 - 4K Announce Trailer

Dans les meilleurs moments, on s’est donc surpris à cligner des yeux devant les effets météorologiques époustouflants de Forza Horizon 7, et notamment le tourbillon d’éclairs d’un orage en plein milieu du circuit de Nürburgring. C’est simple, la définition d’image était tellement fine qu’on a même réussi à l’orthographier correctement. On s’est aussi pris un mur en contemplant un peu trop longtemps les reflets du soleil couchant dans les flaques d’eau, laissées par l’orage partant. C’était fou, c’était beau, et on en rajoute un peu, mais ce n’est vraiment pas facile de décrire par le menu la surpuissance de la beauté d’une grille de pixels.

Sur Assassin’s Creed Origins, l’émoi rétinien était sans doute aussi intense, mais sa saveur était tout autre. Ce n’était pas un cyclone aux effets dévastateurs, mais plutôt l’éclat resplendissant d’une carte postale aux couleurs fières et dansantes. Elles étaient toutes là, le jaune, le rouge, le bleu, le vert, leur copain le cyan, cousin grenade, mamie fuchsia, tonton turquoise, alpaguant nos yeux innocents, comme pour se disputer son attention. « Regarde-moi, je suis une couleur vive ! » « Non, moi plutôt, je suis encore plus vive ! » « Et moi je sais imiter un ciel de vacances que tu n’auras jamais ! » C’était beau, c’était fou, et on en rajoute à peine, car vendre des jaunes encore plus jaunes et des bleus encore plus bleus, cela se rapproche déjà d’un sketch sur une publicité de marque de lessive.

Assassin's Creed Origins: E3 2017 Gameplay Trailer [4K] | Ubisoft [US]

Et puis il y a le moment où la machine déraille un peu. On a vu par moments des microralentissements dans l’ambitieux Assassin’s Creed Origins. Absolument rien de choquant, à peine un détail. Mais un grain de poussière dans la rutilante promesse de la « console la plus puissante jamais conçue » – ce qu’est la Xbox One X est sûrement, du reste, et le choc du retour à Super Mario Odyssey et surtout FIFA 18 sur Switch en témoigne.

Seulement, à force de jeux eux-mêmes les plus ambitieux jamais conçus, il viendra un temps, plus ou proche, ou à son tour la nouvelle machine de Microsoft fera comme la PlayStation 3, la Nintendo 64, la Super Nintendo et toutes les machines surpuissantes de leur temps avant elle : souffreter, crachoter, sombrer dans l’asthme à mesure que les jeux progressent.

Cela lui arrivera en dernier, bien après les actuelles PlayStation 4 et Xbox One standards. Mais du haut de leur cimetière, les consoles les plus puissantes jamais conçues regardent la X avec gravité, citant Corneille : « Marquise, si mon visage/A quelques traits un peu vieux/Souvenez-vous qu’à mon âge/Vous ne vaudrez guère mieux. » Bref, c’était vraiment très joli.