Le boxeur américain Floyd Mayweather face au Philippin Manny Pacquiao. | USA Today Sports/Mark J. Rebilas

Plus de deux ans après le prétendu combat du siècle entre Floyd Mayweather et Manny Pacquiao, le boxeur américain de 40 ans a décidé de sortir de sa retraite pour un autre combat très attendu. Le 26 août à Las Vegas, le multiple champion du monde de boxe anglaise affrontera la tête d’affiche du MMA (arts martiaux mixtes), l’Irlandais Connor McGregor.

Le combat se déroulera sur un ring selon les règles de la boxe anglaise, à un poids fixé à 69,8 kg. La rencontre, très attendue, devrait battre des records d’audience et surtout financiers, à défaut de présenter « un quelconque intérêt sportif » selon l’ex-directeur technique national de la boxe française, Kévinn Rabaud.

Au vu des caractéristiques distinctes de la boxe et du MMA, ce combat ne pouvait se dérouler qu’en boxe anglaise…

Bien entendu, le MMA est un mélange de différentes disciplines de sports de combat, qui réunit à la fois de la percussion, du contact, des projections… Mayweather, lui, ne peut utiliser que ses poings. Même s’il est très fort physiquement, McGregor sera limité techniquement en anglaise.

Comment voyez-vous cette opposition de style entre ces deux champions ?

On a d’un côté un Mayweather qui est un boxeur complet, explosif et très réactif. Il a une très bonne gestion de l’espace grâce à son sens du ring, qui est, il faut le rappeler, carré en boxe, alors que le MMA se dispute dans une cage octogonale. Et surtout, il se caractérise par une très grande disponibilité, c’est-à-dire qu’il est capable d’apporter une réponse appropriée à toute situation.

De l’autre, McGregor est un boxeur d’anglaise puissant mais fruste. Il n’a pas les mêmes qualités d’appuis que son adversaire parce que lui est soit très en appui pour frapper le plus lourdement possible, soit très aérien pour dégager ses jambes. Défensivement, il est très pauvre, « très ouvert » car il s’engage beaucoup. Il accepte de prendre des coups pour en donner d’encore plus puissant.

Mayweather ne risque-t-il pas d’être insaisissable pour son adversaire ?

Face à un boxeur comme lui, qui est très complet et très fort sur le plan défensif, McGregor aura beaucoup de mal. Mayweather est comme une anguille sur un ring, on l’a vu lors du combat contre Pacquiao, qui l’a cherché pendant longtemps sans le trouver… Nous aurons fin août un combat identique avec un boxeur puissant qui cherchera à coincer l’Américain et ce dernier s’en sortira d’une manière ou d’une autre en boxant en contre-attaque et en exploitant les fautes de McGregor.

On critique déjà le côté incongru de ce combat. Certains parlent de match de catch ou de parodie.

Sans vouloir faire appel au cliché, ce rendez-vous me fait effectivement penser à un match spectacle, le Rocky 3 de notre enfance lorsque le personnage de Stallone affronte le catcheur Thunderlips joué par Hulk Hogan. Quel est l’intérêt sportif de cette opposition ? Je ne le vois pas. Bien sûr, il y aura du pay-per-view [diffusion payante du combat à la demande], car il est indéniable qu’il existe de la curiosité de la part du grand public.

McGregor est-il capable de gagner sur un seul coup avec sa puissance ?

Je ne crois pas du tout à une victoire sur un coup… En revanche, si le champion de MMA passe la première partie du combat, qu’il arrive à fatiguer Mayweather en l’attrapant sur des clinch (corps-à-corps), qu’il combat à la marge des règles de la boxe, pourquoi pas l’imaginer gagner. Ce scénario fiction me semble quand même hautement improbable.

La retraite de Mayweather peut-elle jouer en faveur de l’Irlandais ?

Je ne pense pas qu’il se soit vraiment arrêté de s’entraîner. Et puis, compte tenu de son potentiel d’entraînabilité, dû à sa longue carrière, et le niveau d’excellence acquis tout au long des années, je ne compterais pas sur une éventuelle méforme pour le battre. Depuis le temps que l’on parle de ce combat, je suis certain qu’il a déjà dû commencer à travailler en conséquence.

McGregor est donc très ambitieux en acceptant ce combat…

C’est assez courageux de la part de Connor McGregor. A son crédit, il a une petite pratique de boxe anglaise. Il s’entraîne parfois avec la famille Conlan, le père John est l’entraîneur national irlandais, l’un des fils Michael est un grand champion. Il y a une tradition de l’anglaise en Irlande, et les boxeurs de ce pays ont un courage que l’on ne peut pas leur dénier. Maintenant, cela ne fait pas tout. Cette opposition entre deux sportifs totalement différents, c’est un peu le mariage de la carpe et du lapin.