Une photo datant de septembre 1986 montre le capitaine Thomas Sankara lors d’un déplacement au Zimbabwe. | DOMINIQUE FAGET / AFP

Cela fait un an demi que les investigations scientifiques sont en cours. Celles chargées de faire la vérité sur un sujet ô combien sensible au Burkina Faso : la dépouille, enterrée à la va-vite au lendemain de l’assassinat de Thomas Sankara et de ses douze compagnons, au cimetière ouagalais de Dagnoen, est-elle bien celle du capitaine ?

Le mystère demeure. Le laboratoire espagnol de l’Institut de médecine légale de l’université de Santiago a livré les résultats de sa contre-expertise lundi 19 juin : aucun profil génétique n’a pu être trouvé sur les présumés restes du héros de la révolution, exhumés le 25 mai 2015, soit deux mois après l’ouverture de l’enquête menée par le tribunal militaire.

Les vêtements plus bavards que l’ADN

« La première expertise avait conclu aux mêmes résultats. De ce que nous avons compris, l’échec des tests ADN est lié aux conditions dans lesquelles le corps a été conservé », précise maître Ambroise Farama, un des avocats de la famille de Thomas Sankara.

Les représentants des proches du capitaine attendent de recevoir le dossier scientifique complet avant de décider s’ils vont poursuivre, ou non, la recherche d’ADN. Mais avec déjà deux expertises infructueuses, les chances que des recherches génétiques aboutissent s’amenuisent. « Il y a des éléments physiques qui ont permis aux familles d’identifier la dépouille. Les vêtements retrouvés dans la tombe, par exemple. Leur identification était formelle », souligne Ambroise Farama.

Il aura fallu attendre la chute du régime de l’ancien président Blaise Compaoré pour qu’une enquête soit enfin ouverte en mars 2015, soit 28 ans après les faits. Dans quelles circonstances et surtout, qui sont les responsables de l’assassinat de Thomas Sankara, au conseil de l’entente, le 15 octobre 1987 ? Il faudra encore patienter pour que le voile soit levé.

Les poursuites contre Blaise Compaoré

Dans ce dossier, une quinzaine de personnes sont inculpées, la plupart pour « assassinat, recel de cadavre, complicité de ces infractions ou de faux en écriture publique ou authentique », avait précisé Alioune Zanré, le procureur du tribunal militaire en décembre dernier.

Blaise Compaoré est quant à lui poursuivi pour « complicité d’attentat, d’assassinat et complicité de recel de cadavre ». L’ancien président déchu, réfugié en Côte d’Ivoire, est sous le coup d’un mandat d’arrêt international depuis décembre 2015. Le général Gilbert Diendéré, l’ancien chef d’état-major particulier de Blaise Compaoré et auteur du coup d’Etat manqué du 16 septembre 2015 est également mis en examen dans cette enquête historique qui peine à avancer, alors que la patrie des hommes intègres s’apprête à célébrer le trentième anniversaire de la mort de leur héros national.