Le premier ministre indien, Narendra Modi, salue le président Trump avant de quitter la Maison Blanche, lundi 26 juin. | Alex Brandon / AP

Donald Trump a reçu, lundi 26 juin, un chef de gouvernement au style assez proche du sien. Le premier ministre indien, Narendra Modi, n’a rien à envier au nationalisme ombrageux du locataire de la Maison Blanche. Il est apparu, comme lui, comme un outsider avant de gagner ses galons de dirigeant de la plus grande démocratie du monde et ne rechigne pas à user des réseaux sociaux. Le président des Etats-Unis s’en est amusé. Nous « sommes les leaders mondiaux » en la matière, a-t-il assuré, avant d’ajouter : « Je crois que cela a plutôt bien marché dans les deux cas… »

Les déclarations d’intention et le constat d’une relation bilatérale qui, selon M. Trump, « n’a jamais été aussi forte » mis à part, les inconnues sont pourtant grandes sur le lien que M. Trump souhaite entretenir avec l’Inde compte tenu du caractère encore très partiel de sa politique étrangère. La première rencontre n’a pas permis de les lever.

Sans doute parce que le président des Etats-Unis a concentré jusqu’à présent son attention dans la sphère asiatique sur la Chine, à la fois mise en cause durement pendant la campagne présidentielle, puis sollicitée avec insistance dans le contexte des tensions avec la Corée du Nord. En dépit de trois conversations téléphoniques avec M. Trump, M. Modi a été reçu à Washington bien après son homologue japonais, Shinzo Abe, et le président chinois, Xi Jinping, invités tous les deux dans le cadre moins formel du club de luxe de Mar-a-Lago du milliardaire, en Floride.

Contentieux

La relation bilatérale n’est pas non plus sans contentieux. M. Trump a souvent tonné pendant la campagne contre un programme de visas pour travailleurs qualifiés dont profite le secteur de la haute technologie mais qui pénalise selon lui la main-d’œuvre américaine. Ce programme bénéficie à 65 000 personnes toutes nationalités confondues, sans compter environ 20 000 étudiants en apprentissage, et la Maison Blanche compte le réformer pour éviter toute forme de dumping social.

Le changement climatique est également un sujet de clivage. M. Trump a annoncé le retrait de Washington de l’accord de Paris, le 1er juin, alors que M. Modi, en visite en Europe, affichait au contraire l’intention d’accentuer ses efforts pour réduire les gaz à effet de serre. Dans une tribune publiée par le Wall Street Journal, lundi, le premier ministre indien s’est efforcé de souligner les opportunités que présente son pays pour les Etats-Unis. Le président Trump, pour sa part, a plaidé pour des relations commerciales « équilibrées » et espéré un plus grand accès au marché indien pour les produits américains.

M. Modi, qui avait nourri une relation étroite avec Barack Obama, a montré lundi qu’il entendait la maintenir avec son successeur. Il peut compter pour ce faire sur une opinion publique moins mal disposée à l’égard de M. Trump que celle de nombreux alliés des Etats-Unis. L’Inde est ainsi l’un des rares pays où le président américain dispose d’un taux de confiance positif pour ce qui est de la gestion des affaires du monde (40 %), selon une vaste enquête du Pew Research Center publiée lundi, alors que seulement 16 % des personnes interrogées campent dans la défiance.