Paysages Bordeaux 2017 : à fond de train vers la métropole girondine
Paysages Bordeaux 2017 : à fond de train vers la métropole girondine
Par Emmanuelle Lequeux, Sylvie Kerviel
Pendant quatre mois, jusqu’au 25 octobre, de très nombreuses manifestations culturelles accompagnent l’arrivée de la LGV en gare de Saint-Jean.
Une des seize statues anthropomorphiques d'Antony Gormley disséminées dans Bordeaux, dans le cadre de la saison culturelle « Paysages ». | LARTIGUE STEPHANE/PHOTOPQR/SUD OUEST/MAXPPP
Accélérer sa vitesse de déplacement, n’est-ce pas modifier la perception que l’on a de ce qui nous entoure, en premier lieu le paysage et ses mille détails ? Le passager du TGV Paris-Bordeaux qui, à partir du 2 juillet, effectuera son trajet en 2 h 04 au lieu de 3 h 14 auparavant, éprouvera sans doute des sensations visuelles nouvelles en laissant son regard vagabonder à travers la vitre.
Cette problématique est d’ailleurs au cœur de la saison culturelle, intitulée « Paysages », imaginée par la ville de Bordeaux et sa métropole pour célébrer ce raccourcissement du temps et mettre en avant sa richesse artistique, en s’appuyant sur les événements-clés de l’agenda local comme la saison Street-Art, l’Ocean Climax ou le Week-End de l’art contemporain (WAX).
500 artistes dans une quarantaine de lieux
Du 24 juin au 25 octobre, pendant quatre mois, des concerts, des expositions, des performances et installations plastiques, des films, des spectacles de danse en intérieur ou en plein air avec notamment les chorégraphes Mathilde Monnier et Hamid Ben Mahi, ainsi qu’un malicieux parcours érotique à travers la ville, permettront aux Bordelais ainsi qu’aux nombreux visiteurs attendus, de découvrir la diversité de l’offre culturelle de la cité et de sa métropole. Au total, quelque 500 artistes et une quarantaine de lieux investis, dont certains rénovés pour l’occasion comme la salle des fêtes de Grand Parc ou l’ancienne prison désaffectée, investie par le Musée des arts-déco qui la jouxte.
« Nous voulions éviter de faire quelque chose d’hyperspectaculaire et d’envahissant, mais plutôt proposer une forme d’intimité avec la ville. Avec ses façades magnifiques et classiques, elle est dans une telle démonstration de richesse qu’il n’est pas besoin d’en rajouter », déclare José-Manuel Gonçalves, directeur du Centquatre à Paris, qui s’est vu offrir une carte blanche pour la saison culturelle et a confié à trois artistes, parmi lesquels le sculpteur Antony Gormley et ses statues anthropomorphiques, le soin de transformer l’espace public pour titiller le regard des promeneurs.
L’installation de Pablo Valbuena (« Kinematope ») gare Austerlitz pour la Nuit blanche en 2014. | STÉPHANE DE SAKUTIN/AFP
Boule à facettes
« Le projet de Gormley provoque ce dialogue intime avec le paysage urbain, en évitant toute monumentalité et en forçant les passants à arrêter leur regard sur des lieux qu’ils traversent pourtant tous les jours. Il est important de révéler la multiplicité de cette ville, ce que fait ce parcours de seize sculptures », explique José-Manuel Gonçalves. Michel de Broin, lui, transformera la ville en immense boîte de nuit à ciel ouvert avec sa monumentale boule à facettes de 7,9 m de diamètre suspendue à une grue dans le ciel de Bordeaux, qu’elle balaiera de faisceaux lumineux. Enfin, Pablo Valbuena investira la gare Saint-Jean rénovée pour l’arrivée de la LGV, où son installation cinétique saisira les voyageurs dès leur sortie du train.
La thématique de la saison a été empruntée à Agora, la Biennale d’architecture de Bordeaux dont la septième édition, qui se tient du 14 au 24 septembre, s’est donnée pour sujet de réflexion la notion de paysage et participe pleinement à l’événement.
« Je me réjouis que la saison culturelle se soit emparée de notre thème, commente l’architecte paysagiste Bas Smets, commissaire d’Agora 2017, pour qui art et paysage sont deux notions intimement liées. C’est le processus culturel qui transforme l’environnement en paysage, poursuit ce jeune Belge passionné. Entre juin et septembre, les visiteurs de Bordeaux, une des rares villes françaises qui a su faire confiance aux paysagistes, vont être confrontés à une centaine de manières différentes d’explorer cette question ». Et José-Manuel Gonçalves d’ajouter : « Il ne faut plus croire que cette ville est une belle endormie, elle grandit de part et d’autre du fleuve. »