TV : Christine Angot au « je » du « Divan »
TV : Christine Angot au « je » du « Divan »
Par Josyane Savigneau
A voir aussi ce soir. Sincère, lucide et souvent émouvante, ainsi apparaît la romancière qui se livre à Marc-Olivier Fogiel (sur France 3 à 23 h 20).
Avec ses mots, Christine Angot revient sur l'inceste dont elle a été victime.
Christine Angot ne craint pas de prendre des risques. On le voit dans certains documents auxquels elle réagit dans « Le Divan ». Après avoir entendu une phrase stupide et agressive, elle quitte le plateau de « Tout le monde en parle ». A « Bouillon de culture », elle dit son fait à un écrivain qu’elle juge médiocre. On craignait donc de la voir sur le divan de Marc-Olivier Fogiel. On se demandait même pourquoi, elle qui doit tant à la psychanalyse, avait accepté ce qui est un jeu, une parodie. On avait tort.
Marc-Olivier Fogiel pose des questions difficiles, mais avec délicatesse. Et Christine Angot répond, avec fermeté, calme et, souvent, une certaine douceur.
Quand, réagissant à une photo que vient de commenter une psychanalyste, elle parle de sa mère, de la maison de son enfance, sorte de jardin d’Eden qu’elle a perdu en allant vivre dans la ZUP de Châteauroux, elle est très émouvante. Et elle profite d’être sur ce faux divan pour rendre hommage à la psychanalyse, pour affirmer « qu’il n’y a pas d’obligation d’en finir ». « On est quand on veut en rapport avec son inconscient, pourquoi s’en priver ? »
« Je ne force personne à lire »
Comme toujours, elle défend avec force la littérature et sa liberté d’écrivain – elle déteste le mot écrivaine – et conclut : « Ce qui m’intéresse dans la littérature, c’est que c’est un endroit qui échappe au contrôle de ceux qui contrôlent la vie réelle. Ça les rend fous. Mais je ne force personne à lire. »
Sur l’inceste dont elle a été victime, elle a beaucoup écrit. Mais en parler est une autre affaire. Et, là, elle est impressionnante de maîtrise et de lucidité sur « cette question qui n’est pas partageable », ce geste pour lequel « il n’y a pas de réparation ». « Il faut seulement se rendre compte que ce n’est pas si grave de tomber dans un trou. » Cette manière dont son père a abusé d’elle, elle l’a vécue comme « un déshonneur ». « La domination m’arrive dessus par l’inceste, mais elle arrive toujours à un moment ou un autre. Vous ne pouvez pas passer votre vie sans être dominé. » Marc-Olivier Fogiel se demande si elle a été « abîmée ». « Certainement pas. Ça m’a fait souffrir. Mais abîmée… non. »
Christine Angot dans « Le Divan » | France 3
Il faut s’arrêter aussi sur son bonheur quand, après nombre de refus, son premier livre a été accepté par Gallimard. « Je me suis dit : je vais être heureuse toute ma vie. »