TV : « Il était une ville… Sedan », entre espoir et désespoir
TV : « Il était une ville... Sedan », entre espoir et désespoir
Par Alain Constant
Notre choix du soir. Thierry Kübler et Stéphanie Molez dresse un portrait tout en nuances d’une ville durement frappée par la crise (sur France 3 à 23 h 55).
Sedan | © Agat Films et Compagnie
Qu’évoque Sedan pour vous ? Des épisodes militaires douloureux, une brillante équipe de foot pour les plus anciens, des filatures reconnues pour leur qualité, des usines tournant à plein régime lors des « trente glorieuses ». Et puis ? La crise, la vraie, qui frappe les Ardennes avec ses fermetures d’usines, ses commerces qui dépérissent, ses rues qui se vident…
A la fin des années 1970, la population avoisinait les 25 000 habitants. Aujourd’hui, elle en compterait 18 000. Après avoir grandi à Sedan, Thierry Kübler a tourné le dos à sa ville. Avant d’y revenir, trente ans plus tard, afin de réaliser ce film qui prend aux tripes. Loin de la France en marche, de la France qui va bien, on se retrouve dans un coin de France en panne.
En laissant place à des silences explicites, en donnant la parole à beaucoup de monde, des jeunes aux plus âgés, du maire à celles et ceux qui se font traiter de cas sociaux, Thierry Kübler et Stéphanie Molez dressent un portrait nuancé d’une ville où l’espérance n’a pas totalement disparu en dépit d’une inquiétante situation économique.
« On survit »
Certains jeunes expriment leur envie de rester vivre à Sedan. La municipalité investit dans des travaux de modernisation du centre-ville même si, comme l’indique un témoin : « Créer des places piétonnes, c’est bien. Encore faut-il qu’il y ait des piétons ! » D’anciens ouvriers se souviennent : « C’est pas le boulot qui manquait. On gagnait peu, mais on vivait bien. »
Natacha explique son quotidien : « Les gens ne savent pas ce que c’est que de vivre au RSA. On survit, on se fait traiter de cas social. » Le maire, en poste depuis 2008, constate les dégâts : « Je vois les gens souffrir. Il faut absolument se battre pour maintenir le lien social, un minimum de solidarité. Il faut combattre le racisme social. »
Sedanaise de naissance, la sociologue Dominique Méda revient dans sa ville natale et livre également ses impressions dans ce documentaire qui a provoqué de nombreuses réactions dans la région. « On fermera bientôt des villes comme on ferme une usine. Sedan, Pamiers, Cavaillon, Denain… partout, en France, des choix économiques effacent des points sur la carte, jettent des existences au rebut », lance une voix off pour conclure ce retour à Sedan.
Il était une ville… Sedan, de Thierry Kübler et Stéphanie Molez (Fr., 2017, 55 min).