Au Maroc, la police se retire du centre-ville d’Al-Hoceima
Au Maroc, la police se retire du centre-ville d’Al-Hoceima
Le Monde.fr avec AFP
Le gouverneur de la province a annoncé un repli « progressif », huit mois après le début du mouvement de contestation dans cette région du Nord.
Des protestaires du mouvement Hirak lors d’une manifestation à Al-Hoceima le 11 juin 2017 / AFP PHOTO / FADEL SENNA | FADEL SENNA / AFP
Les forces de l’ordre ont commencé dès le début de la semaine à se retirer « progressivement » des centres d’Al-Hoceima et Imzouren, deux villes du nord du Maroc secouées par un mouvement de contestation depuis huit mois, selon des sources concordantes.
Les premiers retraits ont été effectués « progressivement à Imzouren et à la place Mohammed-VI à Al-Hoceima », selon le nouveau gouverneur de la province, Fouad Chourak, qui s’est exprimé, lundi 3 juillet, devant la presse.
« Ce sont des signaux profonds, j’espère qu’ils seront reçus par chacun. (…) Le retrait se fera par étapes », a poursuivi M. Chourak, disant suivre les « directives » du roi pour « garantir les libertés ». « Si les protestataires réagissent positivement à ces signaux, d’autres suivront, dans le même sillage. La confiance et la sécurité sont liées (…) jusqu’à un retour à la situation normale », a-t-il promis.
Une place désertée par les policiers
Selon un habitant joint mardi au téléphone par l’AFP, « les policiers se sont effectivement retirés de la place centrale d’Al-Hoceima. Il en reste encore quelques-uns en civil, ainsi que des véhicules garés à côté du commissariat voisin, comme en temps normal ».
Des photos et vidéos de cette même place, désertée par les policiers, ont été diffusées par les réseaux sociaux, contrastant avec les habituelles images de policiers, souvent casqués et matraque en main, déployés en masse dans la ville ces dernières semaines.
Dans le Rif, région historiquement frondeuse du nord du royaume, les villes d’Al-Hoceima et Imzouren sont depuis huit mois l’épicentre d’un vaste mouvement de contestation revendiquant le développement de la région.
La libération des détenus
Ses principaux meneurs ont été arrêtés depuis la fin du mois de mai, mais les manifestations quasi quotidiennes ont continué : pacifiques d’abord, puis dans un climat de vive tension et avec des heurts de plus en plus fréquents avec les forces de l’ordre intervenant de façon musclée jusque dans la moindre ruelle pour empêcher tout rassemblement. Les affrontements avaient été particulièrement violents le 26 juin, jour marquant la fin du mois de ramadan.
La libération des détenus est devenue la principale revendication des contestataires. Ceux-ci exigent également la fin de la « militarisation » de la province, en référence notamment à l’omniprésence des policiers dans les rues.
Des militants locaux dénonçaient ces dernières semaines une ville et ses environs en « état de siège ». Dimanche, des dizaines de gendarmes anti-émeutes ont pris ainsi position jusque sur les plages pour disperser quelques poignées de baigneurs scandant des slogans, selon des clichés abondamment relayés par la presse locale.