Une des soeurs d’Adama Traoré lors d’une marche demandant la verité sur les circonstances de la mort du jeune homme. Le 30 juillet 2016 à Paris. | DOMINIQUE FAGET / AFP

Adama Traoré, jeune homme de 24 ans décédé le 19 juillet 2016 à Beaumont-sur-Oise (Val-d’Oise), lors de son interpellation par des gendarmes, est mort asphyxié. C’est ce que montrent les résultats de la contre-expertise demandée par sa famille, révélés par Le Parisien et confirmés au Monde par une source proche du dossier.

Ces éléments contredisent les explications de l’ancien procureur de Pontoise, Yves Jannier. Le 21 juillet, le magistrat avait ainsi déclaré qu’Adama Traoré « avait une infection très grave », « touchant plusieurs organes » ; il précisait en outre que son autopsie n’avait pas relevé de « trace de violence significative ».

Une seconde autopsie, réalisée à la demande de la famille du jeune homme, faisait état de « lésions traumatiques très superficielles » qui n’ont, aux yeux des experts, joué aucun rôle dans le mécanisme de la mort. Mais, tout comme la première, celle-ci révélait plusieurs « abrasions » au niveau du front, du coude et de la main gauche, ainsi que de la poitrine de la victime. Surtout, ce rapport soulignait que la mort était due à « un syndrome asphyxique » possiblement causé par la manière dont Adama Traoré a été interpellé.

Dans les conclusions de la contre-expertise, révélées par Le Parisien et datées du 22 juin 2017, le professeur Jean-Patrick Barbet et le docteur Pierre Validiré, soulignent qu’« aucun signe ne permet d’évoquer un état infectieux antérieur » chez le jeune homme. « L’ensemble de ces constations permet de conclure que la mort de Monsieur Adama Traoré est secondaire à un état asphyxique aigu, lié à la décompensation – à l’occasion d’un effort et de stress », avancent-ils.

Thèse écartée « de façon définitive »

Lors de son arrestation, le jeune homme avait été maintenu au sol sous « le poids des corps » de trois gendarmes. Il aurait alors fait part à cet instant de difficultés respiratoires, selon l’audition d’un des officiers. Une version est confirmée par ses collègues. Ceux-ci ont affirmé qu’au moment du malaise, ils ont mis Adama Traoré en position latérale de sécurité. Une version mise à mal par un sapeur-pompier qui a expliqué que lors de son arrivée sur les lieux, ce dernier se trouvait « face contre terre, sur le ventre, mains dans le dos menottées ».

« Cette contre-expertise médicale réalisée par un collège d’experts est très importante car elle écarte de façon définitive la thèse de l’ancien procureur de Pontoise », a déclaré au Parisien Yassine Bouzrou, l’avocat de la famille Traoré. Elle renforce, en outre, l’hypothèse des violences par compression thoracique. Les proches de la victime pourraient désormais saisir le conseil de la magistrature « afin qu’Yves Jannier soit sanctionné pour ses déclarations contraires à la vérité », fait valoir Me Bouzrou.

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Qualifiée de bavure par sa famille, la mort d’Adama Traoré a entraîné plusieurs nuits de violences à Beaumont-sur-Oise, où il avait été interpellé, et dans les communes voisines.