Emilie Dequenne et Roschdy Zem dans « Les hommes du feu ». | ROGER ARPAJOU

L’avis du « Monde » - Pourquoi pas

Après le RAID par Dany Boon, pourquoi pas les sapeurs-pompiers par Pierre Jolivet ? L’enjeu fictionnel est le même – une femme volontaire, ici Emilie Dequenne, se greffe sur un corps traditionnellement masculin –, mais le propos est moins drôle. Surtout, Jolivet ne parvient pas à rendre ­consistant son canevas romanesque (une faute commise par la nouvelle venue entraînant une mise en danger de la vie d’autrui), traité de manière infiniment plus hésitante que son désir manifeste de documenter par le menu la vie d’une caserne, pour mieux tresser des lauriers à une profession admirée par tout le monde.

Fiction documentée

Il en résulte une sorte de disproportion défavorable à l’équilibre du film. Ici, ébauchés à gros traits, le travail du remords de la nouvelle venue et la jalousie phallocratique de certainsde ses collègues à l’égard de la jeune lieutenante, protégée par un chef bienveillant (Roschdy Zem). Là, un cahier des charges qu’on sent très documenté mais qui finit par ennuyer au gré des incessantes interventions d’une caserne de pompiers du sud de la France : accidents de la route, incendies criminels, recherche des pyromanes, dysfonctionnements familiaux… La dramaturgie fictionnelle, interrompue par ces départs de feu, y perd, pour laisser place au panégyrique des qualités nécessaires à ces actions : sacrifice de soi-même, mise en danger de la vie familiale, bravoure, esprit de corps, disponibilité, subtilité psychologique, on en passe et des meilleures.

On voit, de manière flagrante, de ces deux plateaux sur lesquels s’est construit le film, lequel a emporté la préférence du réalisateur. Le choix de la fiction documentée avec prime à l’action quotidienne comportait un tel risque de catalogage. La fiction impliquait sans doute une nécessaire trahison de cette routine des urgences à laquelle le réalisateur n’aura pas voulu consentir.

LES HOMMES DU FEU Bande Annonce (Roschdy Zem, 2017)

Film français de Pierre Jolivet. Avec Roschdy Zem, Emilie Dequenne, Michaël Abiteboul (1 h 30). Sur le web : facebook.com/STUDIOCANAL.FRANCE/