Une réduction du déficit de la Sécurité sociale en deçà des attentes
Une réduction du déficit de la Sécurité sociale en deçà des attentes
Le Monde.fr avec AFP
Selon le rapport présenté jeudi, il devrait atteindre 5,5 milliards d’euros en 2017. Le gouvernement table sur un retour à l’équilibre à l’horizon 2020.
Le trou de l’Assurance-maladie devrait persister à 4,1 milliards en dépit des économies qui lui sont demandées chaque année. | PHILIPPE HUGUEN / AFP
5,5 milliards d’euros : c’est le montant que devrait atteindre le déficit de la Sécurité sociale en 2017. Toutefois, cette baisse est moins importante que prévue. Dégradé de 1,3 milliard d’euros par rapport aux prévisions de la loi de finance élaborée sous le mandat de François Hollande, le déficit du régime général et du Fonds de solidarité vieillesse (FSV), qui verse le minimum vieillesse et les cotisations retraites des chômeurs, devrait poursuivre sa décrue par rapport à 2016 où il atteignait 7,8 milliards d’euros.
Selon la commission des comptes de la Sécurité sociale (CCSS) qui rendra jeudi 6 juillet son rapport aux ministres de la santé, Agnès Buzyn, et de l’action et des comptes publics, Gérald Darmanin, le déficit du régime général devrait ainsi atteindre 1,6 milliard d’euros. Le budget voté à l’automne l’avait prévu à 400 millions d’euros.
Un déficit presque historique pour le FSV
En cause, les moins bons résultats de l’Assurance-maladie, dont le trou devrait persister à 4,1 milliards en dépit des économies qui lui sont demandées chaque année, alors qu’on l’attendait à 2,6 milliards d’euros. En réduction de 700 millions par rapport à 2016, cette baisse est qualifiée par la commission de « largement artificielle car due à un produit exceptionnel dont les recettes étaient mises en réserve pour le FSV ».
En outre, le dépassement des dépenses des soins de ville en 2016 a créé « un effet de base défavorable » qui s’est reporté sur les prévisions de ces soins pour 2017, souligne-t-elle.
Relevé à 2,1 % en 2017, l’Objectif national de dépense de santé (Ondam) – lié notamment au vieillissement de la population et à l’augmentation des maladies chroniques – devrait néanmoins « pouvoir être respecté », estime la commission qui évalue « les réserves d’un niveau suffisant pour faire face aux aléas ».
Autre inquiétude avec le FSV dont le déficit s’aggraverait à nouveau. Il atteindrait 4 milliards, un niveau proche de son plus haut historique, malgré une baisse sensible de ses dépenses (-3,6 %). La dégradation résulte de la forte baisse de ses recettes transférées en partie à l’Assurance-maladie.
Le gouvernement Philippe plus prudent que son prédécesseur
Résultats positifs en revanche du côté de la branche retraite qui serait pour la deuxième année consécutive en excédent, à 1,1 milliard d’euros. Un résultat à mettre sur le compte d’un ralentissement des prestations et de la modération du nombre de nouveaux retraités en raison du recul de l’âge de départ. De même, la branche famille afficherait un solde positif de 500 millions notamment en raison d’une poursuite de la baisse des dépenses de prestations familiales.
La revalorisation des prestations et la mise en œuvre des mesures du plan pauvreté seraient, entre autres, compensées par la poursuite du ralentissement de la natalité qui pèserait sur la dynamique des prestations familiales, explique le rapport. La branche accidents du travail afficherait quant à elle un solde positif de 900 millions quasi identique à 2016.
Alors que l’ex-ministre de la santé, Marisol Touraine avait promis à l’automne que le trou de la Sécu serait bouché en 2017, mettant de côté le déficit du FSV, le premier ministre s’est montré mardi plus prudent. Lors de son discours de politique général, Edouard Philippe a annoncé un retour à l’équilibre à « l’horizon 2020 » et s’est engagé à définir de nouvelles règles permettant de proscrire dans la durée le déficit des comptes sociaux.
De nouveaux efforts seront demandés à l’Assurance-maladie en 2018. En effet, le candidat Emmanuel Macron a promis 15 milliards d’euros d’économies de santé sur le quinquennat et prévu de limiter l’Ondam à 2,3 % par an en moyenne.