Edouard Philippe annonce une baisse de la pression fiscale de l’ordre de 11 milliards d’euros
Edouard Philippe annonce une baisse de la pression fiscale de l’ordre de 11 milliards d’euros
Le Monde.fr avec AFP et Reuters
Baisse des prélèvements obligatoires, réformes de la taxe d’habitation et de l’ISF, prévision de croissance… Le premier ministre détaille les principales réformes fiscales dans un entretien aux « Echos ».
Convention de La République en marche au Paris Event Center à la Villette. Le premier ministre, Edouard Phillipe, clôt la convention par son discours, le 8 juillet 2017 à Paris. | JULIEN MUGUET / HANS LUCAS POUR LE MONDE
Dans un entretien fleuve accordé aux Echos, le premier ministre Edouard Philippe détaille la mise en œuvre, à partir de 2018, des principales réformes fiscales prévues par Emmanuel Macron. Il annonce, en outre, une baisse de la pression fiscale de l’ordre de 11 milliards d’euros en 2018, censée provoquer « un effet de souffle fiscal » pour l’activité en France.
Les points à retenir :
Baisse des prélèvements obligatoires. « La pression fiscale sera réduite de près de 0,6 point de PIB, soit un montant proche de 11 milliards. C’est un effort considérable », déclare-t-il dans ce premier grand entretien à caractère économique depuis sa nomination à Matignon, en mai. Edouard Philippe avait fait savoir samedi que les prélèvements obligatoires baisseraient de quelque 7 milliards d’euros l’an prochain.
Croissance du PIB de 1,7 % en 2018. Le gouvernement français veut ramener le déficit public à 2,7 % du produit intérieur brut (PIB) l’an prochain grâce, notamment, à un effort d’au moins 20 milliards d’euros sur les dépenses publiques.
Le gouvernement vise une croissance du PIB de 1,7 % en 2018, après 1,6 % en 2017 et une baisse de l’endettement public de cinq points de PIB sur le quinquennat.
Première phase de la réforme de la taxe d’habitation. Le chef du gouvernement confirme qu’une première étape de la réforme de la taxe d’habitation sera bel et bien mise en œuvre en 2018, avec une première baisse d’impôts évaluée à trois milliards d’euros.
Emmanuel Macron avait promis pendant la campagne une exonération pour 80 % des ménages, avec une mise en œuvre étalée sur trois ans.
L’ISF remplacé. La réforme de l’impôt sur la fortune (ISF) sera « appliquée intégralement en 2018 », M. Philippe chiffrant le coût de cette réforme à 3 milliards d’euros. « Les seuils et les taux ne seront pas modifiés, et l’abattement de 30 % sur la résidence principale sera conservé », précise le chef du gouvernement. L’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) sera remplacé dès l’an prochain par un impôt sur la fortune immobilière.
« Flat tax » sur les revenus de l’épargne. Le prélèvement forfaitaire unique de 30 % sur les revenus de l’épargne, qualifié de flat tax, sera mis en œuvre dès 2018 et représenterait une baisse d’impôts « d’environ 1,5 milliard d’euros ». « Les produits défiscalisés comme le livret A seront toujours exemptés. L’assurance-vie conservera son régime fiscal actuel » et « seuls les nouveaux flux d’investissement au-delà de 150 000 euros seront concernés ».
Le budget de la défense ménagé. Le ministère des armées, frappé par une coupe budgétaire de 850 millions d’euros en 2017, bénéficiera d’« un effort supplémentaire » dès l’année prochaine, afin d’atteindre un budget équivalent à 2 % du PIB en 2025, comme promis par Emmanuel Macron.
Le ministre de l’action et des comptes publics, Gérald Darmanin, a détaillé dans Le Parisien-Aujourd’hui en France les 4,5 milliards d’économies requises sur le budget de l’Etat afin de passer sous la barre des 3 % de déficit public cette année. La défense est l’un des périmètres les plus affectés, une situation dont plusieurs sources militaires soulignent l’« incohérence » au regard des priorités du chef de l’Etat, au premier rang desquelles la lutte antiterroriste.
Recadrage sur le nucléaire. Dans cette interview, le chef du gouvernement tempère les propos de son ministre de la transition écologique, Nicolas Hulot, qui avait évoqué lundi la possibilité de fermer « peut-être jusqu’à 17 réacteurs nucléaires ».
Le gouvernement attendra que l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) rende son avis sur la prolongation des réacteurs du parc français à la fin de 2018 ou au début de 2019 pour se prononcer sur la fermeture de certains d’entre eux, explique le locataire de Matignon.