Le taux de rémunération du Livret Adevrait donc passer de 0,75 % à 1 % dès le 1er août. | DENIS CHARLET / AFP

Le Livret A va-t-il rapporter plus ? En théorie, il devrait. Selon les chiffres, publiés jeudi 13 juillet par l’Insee, l’inflation annuelle est en effet ressortie à 0,7 % en juin. Si l’on se fie à la nouvelle méthode de calcul en vigueur, le taux de rémunération de ce produit d’épargne prisé des Français devrait donc passer de 0,75 % à 1 % dès le 1er août. Reste à savoir si le gouvernement l’appliquera.

Instaurée par l’ex-ministre de l’économie Michel Sapin, cette nouvelle formule prend désormais en compte, outre les taux des marchés monétaires, l’inflation annuelle (hors tabac) lissée sur les six derniers mois. « Avant, la référence était la seule inflation du mois précédent la révision bi-annuelle », rappelle Philippe Crevel, économiste au Cercle de l’épargne. Le changement évitera les variations trop brutales du taux du placement phare de l’épargne réglementée tricolore.

La Banque de France va désormais se prononcer sur le sujet. Elle conseillera au gouvernement d’appliquer, ou non, la formule. Un avis que ce dernier n’est pas contraint de suivre. Dans tous les cas, le sujet pourrait bien tourner au casse-tête.

Coûteux pour les banques

A première vue, l’exécutif a tout intérêt à suivre le nouveau calcul. Ne serait-ce que pour marquer des points auprès des épargnants, qui apprécieraient le geste. Cela fait en effet deux ans que le Livret A affiche un taux de 0,75 %. Le 1er février 2013, il est passé de 2,25 % à 1,75 %, et a régulièrement diminué depuis, du fait de la baisse généralisée des taux. « L’ennui, c’est que les arguments contre la hausse de la rémunération ont également du poids », explique M. Crevel.

D’abord, parce que le rebond de l’inflation observé ces derniers mois devrait retomber. Surtout : l’opération coûterait cher aux banques. 60 % des encours du Livret A (268,1 milliards d’euros au total) sont versés à la Caisse des dépôts pour financer le logement social et les investissements publics locaux, les 40 % restants demeurent au bilan des banques. Or, rémunérer les épargnants à 0,75 % – voire à 1 % – alors que celles-ci se financent elles-mêmes à des taux plus bas est une gageure. Et le financement du logement social serait lui aussi pénalisé par la hausse du taux.

Au reste, le Livret A a le vent en poupe depuis quelques mois. Entre janvier et mai, la collecte cumulée a atteint 8,58 milliards d’euros, alors que, en 2016, la décollecte était de 350 millions d’euros sur la même période. « Délaissé en 2014 et 2015, il séduit de nouveau, notamment car les rendements des fonds euros des assurances-vie ont baissé », résume M. Crevel.

Une hausse des taux pousserait donc plus encore les classes moyennes vers ce produit, au détriment des autres. Or, la stratégie d’Emmanuel Macron est, à l’inverse, de réorienter l’épargne vers des placements plus favorables au financement de l’économie réelle (actions, obligations…), notamment des PME.