Il existe déjà près de 1 000 kilomètres de mur entre le Mexique et les Etats-Unis. | GUILLERMO ARIAS / AFP

Les commentaires en off à bord d’Air Force One sont finalement devenus des citations retranscrites par le service de presse de la Maison Blanche. Dans la nuit du mercredi 12 au jeudi 13 juillet, alors qu’il voyageait vers la France à bord de l’avion présidentiel, Donald Trump a donné de nouveaux éléments sur le mur qu’il entend construire entre les Etats-Unis et le Mexique. Une construction qu’il avait décrite sommairement comme « un grand et superbe mur » pendant sa campagne électorale.

« C’est une frontière de 2 000 miles (environ 3 200 kilomètres) mais il n’y a pas besoin d’un mur de 2 000 miles en raison des nombreuses frontières naturelles », a expliqué M. Trump. « Il y a des montagnes. Il y a des rivières violentes et vicieuses. Il y a des zones tellement éloignées que personne n’essaie vraiment de traverser », a-t-il ajouté. Le Rio Grande au Texas et le fleuve Colorado en Arizona séparent les deux pays sur plusieurs dizaines de kilomètres.

Le président américain a donc parlé d’un mur qui s’étendrait « entre 700 à 900 miles » (1 100 et 1 450 kilomètres environ). Depuis le Secure Fence Act en 2006, une loi votée sous la présidence de George W. Bush, plus de 1 000 kilomètres de séparation ont déjà été établis, notamment entre San Diego et Tijuana, l’un des postes-frontières les plus fréquentés au monde.

Des panneaux solaires sur le mur

Le milliardaire de l’immobilier a aussi insisté sur la possibilité de voir ce qu’il se passe de l’autre côté pour la sécurité des agents de l’immigration. Le mur « a besoin de transparence  » a-t-il affirmé. « Cela peut paraître horrible mais des dealers jettent de larges sac de drogue par-dessus le mur. Si vous vous retrouvez en dessous avec 25 kilos sur la tête, c’est terminé », a justifié le président américain.

L’idée de panneaux solaires installés sur le mur avait été mentionnée il y a quelques semaines. Donald Trump a confirmé aux journalistes que « ce n’était pas une blague », assurant qu’« il n’y avait de meilleur endroit pour l’énergie solaire que la frontière avec Mexico ».

L’affirmation a été contredite par Tony Cardenas, élu californien à la Chambre des représentants. « Donald Trump ne sait pas de quoi il parle », a déclaré le démocrate au site The Hill. « Il se trouve que je suis un ingénieur spécialisé dans l’électricté, il se trouve que je m’y connais un peu en énergie solaire, il se trouve que je sais que ce qu’il raconte n’a aucun sens », a-til raillé. « En gros, il est en train de dire:  pourquoi ne pas construire un rampe que les gens pourront utiliser plutôt que construire le mur qui est supposé faire ce qu’il veut faire? », conclut le parlementaire américain.

Un autre problème reste le financement du projet, d’une valeur de 20 milliards de dollars selon certaines estimations. Une proposition de loi déposée à la Chambre des représentants permettrait de lever 1,6 milliards de dollars. Sur la chaîne CNN, Steve King, républicain de l’Iowa élu à la Chambre, a même suggéré de couper les subventions aux cliniques du planning familial (qui pratiqueraient selon lui l’avortement avec des fonds publics) et réduire SNAP, un programme de bons d’alimentation (dont bénéficient 44 millions d’Américains, y compris des familles de militaires) pour récupérer 5 milliards de dollars supplémentaires.