Donald Trump, le 4 août à Washington. / SAUL LOEB / AFP

Ce sera une réaction d’une ampleur « que le monde n’a jamais vue jusqu’ici ». Le président américain, Donald Trump, a brusquement haussé le ton face à la Corée du Nord, promettant mardi 8 août « le feu et la colère » si Pyongyang persiste à menacer les Etats-Unis.

Le ton est sensiblement monté depuis lundi, lorsque Pyongyang a promis de faire payer « un millier de fois » aux Etats-Unis « le prix de leurs crimes ». « La Corée du Nord ferait mieux de ne plus proférer de menaces envers les Etats-Unis », a répondu M. Trump depuis son golf de Bedminster (New Jersey), où il passe des vacances.

Le contexte s’est encore alourdi avec des révélations du Washington Post sur les progrès réalisés par les Nord-Coréens dans leur programme nucléaire. Le régime communiste a réussi à adapter suffisamment la taille de ses têtes nucléaires pour pouvoir les placer sur ses missiles intercontinentaux et ainsi faire peser la menace d’une attaque nucléaire sur la première puissance mondiale, selon les conclusions d’un rapport confidentiel achevé le mois dernier par l’agence américaine de renseignement militaire, la DIA.

Grâce à cette capacité, le régime communiste deviendrait une puissance nucléaire à part entière, en mesure de réaliser l’objectif affiché par le leader Kim Jong-Un : frapper les « salauds d’Américains ».

Vague de sanctions

Les menaces répétées et l’enchaînement ces derniers mois de tests de missiles par Pyongyang sont un casse-tête pour Donald Trump, depuis son arrivée au pouvoir. Sous l’impulsion de Washington, le Conseil de sécurité de l’ONU a imposé à la Corée du Nord des sanctions sans précédent. Les Etats-Unis ont su convaincre ses partenaires chinois — premier soutien de Pyongyang — et russe de renforcer la pression internationale sur un pays accusé d’être une « menace mondiale ».

Cette vague de sanctions pourrait coûter un milliard de dollars de revenus annuels à l’Etat nord-coréen, tout en restreignant des échanges économiques cruciaux avec la Chine, son principal allié et partenaire économique. Dans leur globalité, les exportations nord-coréennes rapportent au pays chaque année 3 milliards de dollars.

En frappant le pays au portefeuille, la communauté internationale a pour objectif de pousser Pyongyang à la négociation. Mais le secrétaire d’Etat américain, Rex Tillerson, a exclu un retour rapide au dialogue avec le Nord, estimant que la nouvelle volée de sanctions démontrait que la planète avait perdu patience face à ses ambitions nucléaires.

« La totalité du territoire américain dans le champ de tir »

Pyongyang a procédé le 28 juillet à un nouveau tir de missile balistique intercontinental (ICBM). Le missile Hwasong-14 a atteint une altitude maximale de 3 700 km et volé quarante-cinq minutes pour s’abîmer en mer, à un millier de kilomètres de son pas de tir, dans la zone économique exclusive du Japon (200 milles nautiques de la côte). Les observateurs américains ont pris ces données et fait leurs calculs. Pour l’Union of Concerned Scientists, le missile tiré à un angle plus horizontal aurait une portée de 10 400 kilomètres, mettant ainsi les villes de Los Angeles, Denver ou Chicago dans son rayon.

De toutes les estimations, ce quatorzième tir de l’année est une démonstration de force inédite de la part de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), quelques semaines seulement après le premier lancement, le 4 juillet, d’un missile de portée intercontinentale. L’agence de propagande KCNA a dit la « fierté » du dirigeant Kim Kong-un de constater que son pays fait la preuve de sa « capacité au lancement surprise d’ICBM dans toute région et à tout moment » et de savoir que « la totalité du territoire américain était dans le champ de tir ».

Comment la Corée du Nord est devenue une menace ?
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