« Attendre l’annonce du 13ème Docteur, c’est comme attendre de voir la fumée blanche sortir du Vatican », pouvait-on lire ces derniers jours sur les réseaux sociaux. Dimanche 16 juillet après-midi, les yeux des nombreux fans de Doctor Who étaient plutôt tournés du côté de Wimbledon, en Angleterre : la BBC, qui produit la célèbre série de science-fiction britannique, avait prévenu que le nouvel interprète du Docteur serait dévoilé à l’issue du match opposant Roger Federer à Marin Cilic.

A 17h30, la BBC a enfin répondu aux interrogations des milliers d’internautes qui s’impatientaient sur Twitter, au point de faire de Doctor Who l’un des sujets les plus discutés sur la plateforme : le prochain Docteur sera interprété par l’actrice britannique Jodie Whittaker, notamment connue pour son rôle de Beth Latimer dans la série Broadchurch. Pour la première fois de son histoire, ce personnage célèbre sera donc joué par une femme : une nouvelle espérée par de nombreux fans, mais aussi crainte par d’autres.

Douze hommes blancs

Jusqu’ici, le personnage du Docteur, qui a pour particularité de se « régénérer » en cas de coup dur, avait été interprété par douze hommes blancs, ce qui suscitait depuis longtemps de nombreuses critiques. Quand le 12ème Docteur, Peter Capaldi, avait annoncé en janvier qu’il abandonnait son rôle, les spéculations étaient allées de bon train, et beaucoup de fans avaient fait connaître leur désir de voir une femme l’incarner à l’écran - même si d’autres se montrent férocement opposés à cette idée.

Certaines personnalités importantes ayant participé à la série, comme les actrices Karen Gillan et Billie Piper, avaient elles aussi fait connaître leur préférence pour une femme. Mark Gatiss, célèbre scénariste anglais qui a écrit plusieurs épisodes et joué dans la série, avait affirmé en juin qu’il trouvait « merveilleux » l’idée que ce soit une femme qui succède à Peter Capaldi, « Docteur » depuis 2013.

« Pas sous la pression du politiquement correct, mais parce que j’ai simplement l’impression que c’est le moment. (…) Ça dure depuis 12 ans et je pense que ce serait vraiment excitant. Beaucoup de personnes ne sont pas d’accord, mais moi je me dis juste, pourquoi pas ? »

D’autant que Doctor Who avait parfois été qualifié de sexiste, ses détracteurs lui reprochant de mettre en scène depuis 1963 un homme brillant capable de sauver le monde, aveuglément suivi par une jolie jeune femme. L’arrivée de Jodie Whittaker s’inscrit aussi dans la volonté affichée de la BBC de montrer plus de diversité à l’écran.

Nouvelle ère pour la plus longue série de science-fiction

Cette annonce marque une nouvelle étape dans l’histoire de Doctor Who, la plus longue série de science-fiction existante et culte dans le monde entier. Lancée en 1963 par la BBC, elle fut interrompue en 1989 après 26 saisons, avant de revenir 16 ans plus tard pour une deuxième série, toujours en cours. Doctor Who raconte les aventures du Docteur, un « Seigneur du temps » venu de la planète Gallifrey, capable de voyager dans le temps et dans l’espace grâce à son Tardis, une machine ressemblant à une petite cabine de police bleue.

Peter Capaldi, interprète du 12ème Docteur, devant le Tardis. | BBC

Avec à ses côtés un compagnon, généralement interprété par une jeune femme, il sauve le monde épisode après épisode, dans la Grèce antique ou des planètes du futur, affrontant des ennemis risibles ou terrifiants, à l’allure carton-pâte assumée. La série, extrêmement populaire au Royaume-Uni, se regarde en famille, appréciée pour son humour mais aussi les frissons de frayeur et d’émotion qu’elle est capable de provoquer.

Sa dixième saison vient tout juste de s’achever, ouvrant la voie à une nouvelle ère qui débutera après l’épisode spécial de Noël. Un nouveau Docteur donc, mais aussi un nouveau chef d’orchestre : Steven Moffat, qui tenait les rênes depuis 2008, cède sa place à Chris Chibnall, qui a déjà travaillé sur Doctor Who mais aussi sur Torchwood, une série dérivée. Et le défi à relever est de taille, puisque les audiences sont passées, depuis 2005, de 12 à 6 millions de téléspectateurs. Une grande responsabilité pour Chris Chibnall, qui tient entre ses mains le destin d’une icône britannique.