TV : « Ni épouse, ni concubine, la nouvelle femme chinoise »
TV : « Ni épouse, ni concubine, la nouvelle femme chinoise »
Par Alain Constant
Notre choix du soir. Un demi-siècle après la révolution culturelle, une nouvelle révolution - sexuelle, cette fois– s’opère en Chine portée par les femmes (sur Arte à 22 h 55).
Un demi-siècle après la révolution culturelle, la Chine serait en train de vivre une révolution sexuelle. Au cœur de celle-ci, les femmes. Il existe encore un décalage entre la mentalité archaïque de ce gigantesque pays et son développement économique, mais les questions de sexe sont aujourd’hui abordées de manière directe par de plus en plus de Chinoises. À travers cette problématique, et au-delà des fantasmes évoqués par les femmes interrogées dans ce documentaire, de l’étudiante à la veuve sexagénaire, le modèle du couple traditionnel et des unions imposées sont remis en question.
Dans une clinique gynécologique de Pékin, le docteur Hongli avoue : « Mes patientes sont nombreuses à se plaindre de leur vie sexuelle ». En dehors des heures de consultation, et à titre privé, cette femme médecin a ouvert un atelier intitulé « Le sexe heureux ». On peut y parler librement, tout comme dans le groupe de paroles Bcome, fondé en 2012 à Pékin où des femmes de toutes générations viennent évoquer dans une bonne humeur collective leurs fantasmes. En dehors de ces petites structures, les situations sont parfois plus délicates à vivre.
Hua-Hing, étudiante et militante | Arte
Âgée de 49 ans, Li Hua a été mariée par convention. Veuve depuis 2013, elle avoue avec pudeur son envie de retrouver un compagnon. Hua-Ying, étudiante de 22 ans, raconte comment les autorités scolaires se mêlent de la vie sexuelle des élèves : « Lorsqu’elles découvrent qu’un garçon et une fille se fréquentent, ils sont convoqués. On leur explique l’influence négative que cette relation va sans doute avoir sur leurs études. Les filles sont particulièrement mises en garde ». Des menaces qui ne font pas peur à Hua-Ying : « Le plus important pour une femme, c’est d’avoir le droit de choisir : le moment où elle veut avoir des enfants ou avorter, mais aussi son conjoint, qu’il s’agisse d’un homme ou d’une femme. Elle doit aussi pouvoir choisir de vivre seule ».
Forte pression familiale
Sur le plan des mœurs, la Chine reste un pays très traditionnel. « On subit toujours une très forte pression de la famille » avoue Ping, 33 ans, qui forme avec Ting (23 ans) un couple de lesbiennes visiblement à l’aise dans une société qui ne regarde pourtant pas d’un bon œil les unions de même sexe. Le mot de la fin revient à Wen-Wen, 32 ans, ravissante célibataire qui tient à son indépendance : « Pour beaucoup d’hommes de ce pays, pas question d’accorder une grande liberté à leur partenaire ! »
Ni épouse ni concubine, la nouvelle femme chinoise, de Laetitia Schoofs (Allemagne, 2016, 52 min).