Le dalit Ram Nath Kovind a été élu président de l’Inde, jeudi 20 juillet. | Tsering Topgyal / AP

Il est le deuxième président indien issu des dalits, un groupe défavorisé, autrefois appelés « intouchables ». Ram Nath Kovind, candidat du premier ministre Narendra Modi, a été proclamé, jeudi 20 juillet, vainqueur de l’élection présidentielle en Inde. Issus des rangs de la communauté socialement et économiquement marginalisée, les dalits sont considérés comme au bas de l’échelle des castes. Avant M. Govind, le dalit K. R. Narayanan avait été élu président de l’Inde, entre 1997 et 2002.

Ce quasi-inconnu, proche de la mouvance nationaliste hindoue, a été largement élu à ce poste principalement honorifique avec 65 % des voix du collège électoral, a annoncé la commission électorale. La victoire de cet ancien avocat de 71 ans était largement attendue en raison du poids du Bharatiya Janata Party (BJP, au pouvoir à New Delhi) et de ses alliés dans le collège électoral, composé des parlementaires des assemblées nationales et régionales d’Inde.

Dans sa première prise de parole après son élection, le président élu s’est posé en représentant des couches les plus modestes de la société, en faisant de son histoire personnelle un outil de narration politique.

« Il pleut sur Delhi depuis ce matin, et cela me rappelle mon enfance dans la maison de mon village ancestral, où moi, mes frères et mes sœurs, nous nous plaquions contre les murs pour éviter l’eau qui fuyait par le toit », a-t-il raconté.

« Pas dupes »

« Félicitations à Shri Ram Nath Govind Ji d’avoir été élu président d’Inde ! Meilleurs vœux pour un mandat fécond et inspirant », a tweeté le premier ministre, Narendra Modi, à l’annonce des résultats.

Cette élection renforce la mainmise du dirigeant nationaliste hindou, M. Modi, sur le pouvoir. Elle pourrait également lui permettre de marquer des points au sein des 200 millions de dalits en vue des législatives de 2019, où il devrait concourir pour un second mandat. Les hautes castes constituent traditionnellement l’assise électorale du BJP, mais les nationalistes hindous courtisent les votes de la communauté dalit pour élargir leur base.

« Les dalits ne sont pas dupes de cette opération de séduction », estime Kapil Sibal, lieutenant du parti du Congrès et ancien ministre de la justice. Celui-ci rappelle que les intouchables sont de plus en plus fréquemment victimes de violences, notamment au Bihar et dans les Etats dirigés par le BJP, comme le Rajasthan et le Gujarat (ouest).

Si la Constitution de l’Inde indépendante a officiellement aboli la discrimination de caste, elle reste dans les faits une réalité. Les dalits sont souvent cantonnés à des métiers ingrats, car jugés « impurs », comme le nettoyage d’excréments ou la prise en charge de cadavres d’animaux.