Jean-Claude Mailly (à gauche), lors de sa dernière réunion avec le premier ministre, Edouard Philippe, et la ministre du travail, Muriel Pénicaud, le 25 juillet, à Matignon. | BERTRAND GUAY / AFP

Les organisations syndicales durcissent le ton sur la réforme du code du travail. « Ça commence à monter », a déclaré, mardi 25 juillet, le secrétaire général de Force ouvrière, Jean-Claude Mailly, à l’issue d’une dernière rencontre dans la matinée avec le premier ministre, Edouard Philippe, et la ministre du travail, Muriel Pénicaud. Si le premier ministre, « ne veut pas de coalition des mécontentements, il faut qu’il nous écoute et qu’il nous entende (…) J’ai été cash. Maintenant, c’est à lui de prendre ses responsabilités. »

La CFDT abonde. « Nous lui avons clairement dit que nous sentions aujourd’hui que nous étions à la croisée des chemins », a déclaré Laurent Berger, le secrétaire général de la confédération.

« Si la CFDT avait le sentiment que le choix était fait d’une simplification pure et simple, sans renforcement du dialogue social, nous nous opposerions à cette réforme ».

La concertation a permis d’organiser 48 rencontres avec les partenaires sociaux, soit six par organisation. Le gouvernement s’apprête maintenant à rédiger les ordonnances qui lui permettront de mettre en œuvre les nouvelles mesures dès septembre, après le feu vert du Parlement, attendu pour fin juillet, début août.

« On est au pied du mur. Je crois qu’il faut maintenant faire ces réformes. Elles sont attendues des forces économiques françaises avec grande impatience, mais surtout des investisseurs étrangers », a déclaré mardi le président du Medef, Pierre Gattaz, à l’issue de sa rencontre avec Edouard Philippe.

« La République en marche arrière »

Au menu de la réforme, une nouvelle articulation entre accords de branche et accords d’entreprise, la simplification du dialogue social, et une modification du régime juridique de la rupture du contrat de travail. Ce dernier point inquiète particulièrement les syndicats. Il comprend une série de mesures controversées comme la mise en place d’un barème encadrant les indemnités prud’homales ou la redéfinition des modalités entourant les licenciements économiques.

« Si notamment sur le troisième bloc, ce qui circule est confirmé, c’est la République en marche, mais en marche arrière », a jugé Jean-Claude Mailly, qui n’accepterait pas, par exemple, que l’on baisse trop le plancher des indemnités prud’homales, pour l’instant fixé à six mois de salaire à partir de deux années d’ancienneté.

La CGT, jusque-là isolée dans sa mobilisation, pourrait retrouver son allié du temps des manifestations contre la loi El Khomri. Cette coalition qui avait réuni, en plus de la CGT et de FO, les syndicats étudiants ainsi que des mouvements comme Nuit debout, avait forcé le gouvernement à supprimer les mesures les plus contestées de la première version de son texte, en mars 2016, dont le barème obligatoire encadrant les indemnités prud’homales.

La CGT a déjà appelé à une manifestation le 12 septembre. « Ça donne le ton par rapport aux craintes que nous avons, a souligné lundi son secrétaire général, Philippe Martinez. Ils ont décidé de casser le code du travail, qu’il y ait moins de droits pour les salariés. Il faut que les salariés réagissent. »

« Stratégie de contournement »

Pour l’exécutif, c’est surtout le volet sur le dialogue social qui ferait tiquer les organisations syndicales. « Les positions sont bien plus tranchées » sur ce dossier, admet-on à Matignon. Les centrales ont effectivement dénoncé, dans les derniers jours, le projet de fusion des instances représentatives du personnel ainsi que la possibilité pour les petites entreprises sans délégué syndical de négocier directement avec les salariés. « On s’inquiète qu’il y ait une stratégie de contournement des organisations syndicales », avait déclaré la semaine dernière la secrétaire générale adjointe de la CFDT, Véronique Descacq.