TV : « Bourvil, un homme vrai »
TV : « Bourvil, un homme vrai »
Par Daniel Psenny
Notre choix du soir. A l’occasion du centenaire de sa naissance, Ciné+ Classic propose une soirée spéciale consacrée au comédien, plus éclectique qu’il ne le paraissait.
Le 27 juillet 2017, André Raimbourg, plus connu sous le nom de Bourvil, aurait eu 100 ans. Décédé le 23 septembre 1970, il fut l’un des acteurs les plus populaires et les plus talentueux du cinéma français. Nez de travers, sourire tendre, yeux rieurs et voix perchée, Bourvil séduisait par son empathie et sa vraie-fausse naïveté, qu’il cultivait habilement.
« Un homme vrai », souligne le réalisateur Frédéric Zamochnikoff dans son documentaire qui retrace la courte vie de ce fils de paysan normand, amoureux de la musique et des gens. « Le meilleur des hommes », selon Gérard Oury, avec qui il tourna quatre films d’anthologie dont Le Corniaud (1965) et La Grande Vadrouille (1966).
La Tactique Du Gendarme
C’est grâce à son instituteur du petit village de Bourville, dans le pays de Caux, que le jeune André Raimbourg s’ouvre à la culture et à la musique. Ne voulant pas prendre la suite de la ferme familiale, il devient mitron avant d’entamer une formation d’instituteur. Il décide finalement de s’orienter vers le spectacle après avoir vu, sur scène, son idole Fernandel.
Jouant le plus souvent les comiques paysans avec sa mèche rabattue et son costume étriqué, André Raimbourg se lance dans une carrière musicale à Paris après avoir gagné, en 1938, un radio-crochet sous le pseudonyme d’Andrel, en référence à son modèle Fernandel. Il prendra le nom de Bourvil en 1942 pour ne pas être confondu avec son cousin Lucien Raimbourg, déjà dans le métier.
« Si c’est avec Bourvil, je signe tout de suite »
Sa carrière décolle en 1956 avec le film La Traversée de Paris, de Claude Autant-Lara, qui avait pourtant exprimé ses réticences quant au choix de Bourvil « acteur comique ». Jean Gabin trancha le conflit : « Si c’est avec Bourvil, je signe tout de suite. » Ce film, devenu depuis un classique du cinéma français, a permis à Bourvil de montrer toute la palette de son talent, comique et dramatique, comme le souligne Francis Huster, qui avait repris ce rôle au théâtre près de quarante ans après.
Le cercle rouge - Tous coupables ! .mpg
Avec près de soixante longs-métrages (dont plusieurs nanars), Bourvil a été dirigé par les plus grands metteurs en scène français : Henri-Georges Clouzot, Gilles Grangier, André Cayatte, René Clair, Jean-Pierre Melville… Jean-Pierre Mocky, qui le voyait au début comme « un clown », l’a fait tourner à contre-emploi dans quatre films. Il regrette aujourd’hui de ne pas avoir pu en faire davantage.
« Bourvil avait un goût pour la fantaisie, pour voir derrière les situations les plus solennelles et parfois les plus tristes le cocasse, mais aussi, derrière les situations drôles, parfois le tragique », remarque son fils Dominique Raimbourg, ex-député (PS) de Loire-Atlantique.
Le Corniaud
Le duo sacré avec Louis de Funès
Mais c’est le tandem qu’il a formé avec Louis de Funès (le tendre et le teigneux) dans les films de Gérard Oury qui ont fait de lui un grand acteur populaire. Danièle Thompson, coscénariste de La Grande Vadrouille, dresse un beau portrait de l’homme qu’il était, et l’acteur italien Venantino Venantini, qui a côtoyé le duo dans Le Corniaud, résume la mécanique du rire de ces deux acteurs d’exception : avec Bourvil c’était « un K.-O. retardé » et avec de Funès « un K.-O. immédiat ».
A la suite du documentaire, Ciné+ Classic diffusera quatre autres de ses films.
« Bourvil, un homme vrai », de Frédéric Zamochnikoff (Fr., 2016, 52 minutes), suivi de « La Cuisine au beurre », « Garou-Garou, le passe-muraille », « La Ferme du pendu » et « Le Roi Pandore ».