Des policier allemands après l’attaque au couteau dans un supermarché à Hambourg, le 28 juillet 2017. | MARKUS SCHOLZ / AFP

La plupart des grands médias allemands restaient prudents, samedi 29 juillet au matin, quant à la nature exacte de l’attaque au couteau qui a fait un mort et six blessés, la veille, dans un supermarché du quartier de Barmbek, à Hambourg. Même le tabloïd Bild, l’un des rares à utiliser le mot « attentat » (Anschlag), a évité de lui adjoindre le qualificatif de « terroriste ».

A l’instar de ceux du Spiegel ou de la Süddeutsche Zeitung, les autres sites d’information qui avaient choisi d’en faire leur une se sont contentés du terme « agression » (Angriff). Certains, enfin, n’ont accordé qu’une place secondaire à l’événement, préférant consacrer leur principal titre au limogeage du chef de cabinet de la Maison Blanche (Frankfurter Allgemeine Zeitung) ou au dernier tir de missile nord-coréen (Die Welt).

À moins de deux mois des législatives allemandes, les responsables politiques veulent éviter d’être accusés de laxisme ou d’inconséquence

Ce n’est que vendredi soir qu’a commencé à se dessiner le portrait de l’agresseur, interpellé quelques minutes après les faits, en milieu d’après-midi. « Le suspect est un homme de 26 ans, né aux Emirats arabes unis. Sa nationalité fait encore l’objet de vérifications », a indiqué, sur Twitter, la police de Hambourg. Au même moment, plusieurs médias, citant des « sources proches de l’enquête », affirmaient que l’individu aurait des contacts dans les milieux salafistes, qu’il aurait des problèmes mentaux, consommerait régulièrement de la drogue et vivrait dans un foyer de réfugiés à Hambourg.

Ce dernier point a été confirmé, un peu plus tard, par les autorités locales. « Il s’agit manifestement d’un étranger qui aurait dû être expulsé mais qui ne l’a pas été parce qu’il n’avait pas de papiers », a ainsi déclaré Olaf Scholz, le maire social-démocrate de Hambourg. Cette dernière précision est évidemment importante. A moins de deux mois des élections législatives du 24 septembre, les responsables politiques du pays veulent éviter à tout prix d’être accusés de laxisme ou d’inconséquence.

Polémiques

C’est le cas de M. Scholz, récemment mis en cause pour n’avoir pas su empêcher les violences qui ont éclaté en marge du sommet du G20, qui a eu lieu à Hambourg, début juillet. C’est aussi le cas du gouvernement fédéral d’Angela Merkel, qui sait qu’il n’a aucun intérêt à laisser s’installer l’idée qu’en accueillant près d’un million de réfugiés, en 2015, il a aussi permis à des terroristes en puissance de s’installer sur le sol allemand.

C’est en effet cet argument que n’a cessé de brandir l’extrême droite, mais aussi une partie de la droite conservatrice opposée à la politique d’accueil de la chancelière, ces derniers mois, à chaque fois qu’une attaque de ce type a eu lieu outre-Rhin. Ce fut le cas il y a un an quand, le 18 juillet 2016, un jeune réfugié d’origine vraisemblablement afghane a blessé quatre personnes à la hache dans un train près de Würzburg (Bavière), puis quand, six jours plus tard, un réfugié syrien s’est fait exploser dans un restaurant près d’un festival de musique à Ansbach (Bavière), faisant quinze blessés.

Une polémique du même ordre a éclaté après l’attentat commis, le 19 décembre 2016, contre un marché de Noël de Berlin (12 morts et une cinquantaine de blessés), par Anis Amri, un Tunisien de 24 ans qui s’était vu refuser sa demande d’asile en Allemagne mais qui, faute de réponse des autorités tunisiennes, n’avait pas pu être expulsé. Le gouvernement avait annoncé à l’époque vouloir en finir avec ce type de situation, assurant que sa priorité était désormais d’expulser tous ceux qui devaient l’être.