Mick Jagger se révolte en solo contre Trump et le Brexit
Mick Jagger se révolte en solo contre Trump et le Brexit
Par Mathilde Dumazet
Le chanteur des Rolling Stones a mis en ligne deux chansons en réponse aux changements politiques au Royaume-Uni et aux Etats-Unis.
Mick Jagger le 14 mars 2016 à Mexico City. | Henry Romero / REUTERS
« Message urgent de la part de Mick Jagger. Gotta Get a Grip… England Lost. » Littéralement, « Il faut reprendre le dessus… l’Angleterre a perdu ». Ce sont les titres des deux chansons du chanteur des Rolling Stones, mises en ligne jeudi soir 27 juillet, au lendemain de son soixante-quatorzième anniversaire. L’une et l’autre sont accompagnées de vidéoclips. « J’ai commencé à écrire ces chansons il y a quelques semaines et je voulais qu’elles sortent immédiatement », explique Jagger sur son compte Twitter, en référence aux changements politiques récents de part et d’autre de l’Atlantique.
« Je suis fatigué de parler d’immigration/On ne peut pas entrer, on ne peut pas sortir », chante Jagger sur England Lost, alors que le Brexit risque de fermer les frontières de son pays natal. Le narrateur de la chanson est un supporter de football (« Je suis allé voir l’Angleterre jouer/L’Angleterre a perdu »), qui s’enferme chaque jour un peu plus chez lui, déçu par son équipe.
Mick Jagger - England Lost (Official Video)
Le héros du clip, interprété par le comédien britannique Luke Evans, ne porte pas de maillot mais un costume trois pièces. Angoissé par son quotidien à la City, il s’échappe, enjambe les barbelés de la côte de la Manche et court vers la mer qui le sépare du continent, avant d’être rattrapé par ses semblables. « Où pensais-tu aller de toute façon ? », lui demande une petite fille avec un air supérieur. En Amérique ?
La situation n’est pas plus attrayante dans Gotta Get a Grip dont le texte évoque les fausses informations, des dirigeants « lunatiques » – Donald Trump le premier (« La Maison Folle est aux commandes de la ville »), Daech, la société de surveillance, l’immigration encore. Pour la vidéo, Mick Jagger s’est entiché de la plus rock and roll des actrices de la série télévisée américaine Girls : Jemima Kirke, fille du batteur Simon Kirke (qui a notamment collaboré avec les Stones sur la chanson Shattered). La jeune comédienne évolue dans un club de Los Angeles et, pleine de sueur, prend d’assaut l’estrade sur laquelle officie le DJ de la soirée, illustrant ainsi le titre de la chanson, répété comme un mantra pendant plus de quatre minutes.
Mick Jagger - Gotta Get A Grip (Official Video)
« Je ne pouvais pas attendre un an »
L’urgence se manifeste dans l’empressement de Jagger à « cracher à moitié ses paroles dans une sorte de rap primitif », comme l’analyse le quotidien The Guardian. En invitant le rappeur « activiste » Skepta sur une première version d’England Lost, il poursuit son processus d’ouverture à d’autres genres musicaux que le rock et le blues qui irriguent depuis leurs débuts le son des Stones. Processus bien entamé avec la formation SuperHeavy, qui réunissait autour de lui l’un des fils de Bob Marley, une chanteuse soul et un spécialiste de musique électronique aux racines orientales.
Pas de collaboration aussi médiatique sur Gotta Get a Grip mais quatre remixes proposés en même temps que le clip. Ils ont été confiés à Kevin Parker du groupe australien Tame Impala, au trio norvégien Seeb, au DJ brésilien Alok et au claviériste Matt Clifford qui a accompagné les Rolling Stones lors de tournées, en 1989-1999 et depuis 2014.
« Je ne voulais pas attendre un an avant de sortir ces deux singles qui n’auraient pas eu le même impact », confie le septuagénaire au Guardian… Peut-être un indice sur la date de sortie d’un nouvel album des Rolling Stones, six jours après que son guitariste Keith Richards avait indiqué sur sa chaîne YouTube que le groupe devrait être de retour en studio dans quelque temps.